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DE LA STATUE

encore celle qui est particulière à un seul, comme serait l’image de César ou celle de Caton, lui donnant l’allure, la tenue qu’avait ce personnage siégeant au tribunal ou haranguant le peuple, en s’efforçant d’exprimer sa tournure ou celle de tout autre que nous connaissions.

Bref, pour l’une comme pour l’autre de ces résolutions, deux choses importantes sont à considérer : la mesure et la définition des limites. Nous avons à dire ce qu’elles sont et l’emploi qu’on en peut faire pour mener l’œuvre à bonne fin. Je parlerai d’abord de l’utilité qu’on en retire. C’est qu’en effet elles possèdent une sorte de vertu merveilleuse presque incroyable, et celui qui les connaîtra pourra désigner, déterminer, noter, par des marques très-certaines, les contours, la situation, la position des parties de quelque corps qu’il lui plaira. Ce que je n’entends pas dire seulement à un jour ou deux de là, mais dans mille ans d’ici ; et pourvu qu’il retrouve ce corps en l’état où il l’aura laissé, il pourra l’établir et le colloquer précisément, suivant sa volonté, en telle posture et situation qu’il avait la première fois. Tellement, qu’il n’y aura si petite portion du susdit corps qui ne soit remise et rétablie juste au point même qu’elle occupait précédemment dans l’espace. Ainsi, par aventure, si, le doigt étendu, feignant de montrer l’étoile de Mercure ou la nouvelle lune qui se lève, tu voulais savoir à quel point de l’espace se trouve l’angle formé par ton genou, ton doigt, ton coude ou quelque autre partie que ce soit, tu le pourrais sûrement avec nos moyens auxiliaires, sans aucune