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DOUBLE CHOC.

tête blonde qui aurait pu disparaître pour toujours au milieu de la perfide glace.

— Tout à fait, mon enfant, répondit sa mère ; elle n’est pas blessée et n’aura même pas un rhume, tant vous l’avez bien couverte et vite ramenée ici.

— C’est Laurie qui a tout fait ! Moi, j’ai seulement su la laisser aller là où elle pouvait mourir. Oh ! mère, si elle était morte, le savez-vous, ce serait ma faute ! »

Et Jo, se laissant tomber près de sa mère, lui confessa avec un déluge de larmes tout ce qui était arrivé, condamnant amèrement sa dureté de cœur et remerciant Dieu de lui avoir épargné un éternel remords.

« Cela, dit-elle, était dû à mon abominable caractère ! J’essaye de le corriger, mais, quand je pense que j’y suis arrivée, il reparaît pire que jamais ! Ô mère, que dois-je faire ? s’écria la pauvre Jo toute désespérée.

— Veiller sur vous-même et prier, ma chérie ; n’être jamais fatiguée de faire des efforts, et ne jamais penser qu’il vous est impossible de vaincre votre grand défaut, répondit Mme  Marsch en attirant la tête de Jo sur son épaule, et en embrassant si tendrement sa joue humide de larmes que Jo pleura plus fort que jamais.

— Vous ne savez pas, vous ne pouvez pas deviner combien je suis méchante ! Je crois que je pourrais tout faire quand je suis en colère ; je deviens si sauvage ! j’ai peur de commettre un jour quelque action horrible, de gâter ma vie et de me faire haïr de tout le monde. Ô mère, aidez-moi ! aidez-moi !

— Oui, mon enfant, oui ! je vous aiderai, mais ne pleurez pas si amèrement ; souvenez-vous toujours de ce qui vous est arrivé aujourd’hui, et prenez de tout votre cœur la résolution de ne jamais revoir