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LE CAMP DE LAURENTZ.

choir dans un fossé plein d’eau qui entourait le château. Il nageait comme un poisson et tourna autour du vieux domaine jusqu’à ce qu’il fût arrivé à une petite porte. Cette porte-là était gardée par deux géants ; il prit leur tête de chacune de ses mains et les frappa l’une contre l’autre comme deux cymbales ; puis, par un simple effort de sa force prodigieuse, il enfonça la porte, et monta des escaliers couverts de deux pieds de vase, d’énormes crapauds et d’araignées tellement grandes que leur seule vue eût suffi à donner des attaques de nerfs à tout autre que lui. Au haut des escaliers il vit quelque chose qui glaça son sang dans ses veines…

« — C’était une grande forme toute blanche, avec un voile sur la figure et une bougie à la main, continua Meg. La forme lui fit signe de la suivre, et, marchant sans bruit devant lui, le conduisit tout le long d’un corridor aussi noir et aussi froid qu’un tombeau ; de chaque côté se trouvaient des statues armées ; un silence mortel y régnait ; la flamme de la lampe y était toute bleue, et la forme toute blanche se retournait de temps en temps et lui montrait des yeux terribles au travers de son voile blanc. Enfin ils arrivèrent devant une porte fermée par des portières de soie rouge et derrière laquelle on entendait une charmante musique. Il s’élança pour entrer, mais le spectre le retint et, étendant le bras devant, lui d’un air menaçant…

« — Il lui offrit, dans une superbe tabatière, une prise de tabac très frais, dit Jo d’un ton sépulcral qui fit éclater de rire toute la compagnie.

« — Je vous remercie, dit poliment le chevalier en prenant une prise. Mais il se mit alors à éternuer sept fois de suite si violemment, que sa tête se détacha de