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LES CHÂTEAUX EN ESPAGNE.

— Si je dis le mien, me direz-vous les vôtres ?

— Oui, si tout le monde dit le sien.

— Oui, oui. Eh bien ! à vous, Laurie.

— Après avoir couru en tous sens à travers le monde, comme je le désire, et découvert quelque beau pays, jusqu’à moi inconnu, je m’établirais en Suisse, au pied d’une montagne, sur les bords d’un beau lac, et je ferais autant de musique que je voudrais. Là, je vivrais pour qui m’aimerait. Voilà mon château en Espagne favori. Quel est le vôtre, Meg ? »

Marguerite semblait trouver un peu difficile de dire le sien ; elle remua une grande feuille d’arbre devant sa figure en guise d’éventail, comme pour chasser des cousins imaginaires, pendant qu’elle disait lentement :

« J’aimerais avoir une charmante maison pleine de toutes sortes de choses de bon goût, une société honorable, instruite et agréable, avec assez d’aisance pour rendre tout le monde heureux autour de moi. »

C’était le tour de Jo.

« J’aurais, dit-elle, des étables pleines de magnifiques animaux, deux chevaux vigoureux, des chambres remplies de livres, et j’écrirais avec un encrier magique, de manière à ce que mes œuvres devinssent fameuses, c’est-à-dire de celles qui font du bien au monde à perpétuité. Je ne serais pas fâchée non plus de faire quelque chose d’héroïque, dont notre père et maman seraient fiers, et qui ne fût pas oublié après ma mort. Je ne sais pas encore quoi, mais je cherche et j’espère vous étonner toutes ; cela me conviendrait. Voilà mon rêve favori.

— Le mien est de rester à la maison avec papa et maman et d’aider à prendre soin de la famille, dit Beth d’un air satisfait.