Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

tent ou capricieux sans raison, comme cela vous arrive quelquefois, car vous avez une volonté tellement forte, que, si vous vous engagiez dans une mauvaise voie, je craindrais qu’il ne vous fût plus difficile qu’à un autre de vous arrêter. »

Laurie marcha en silence, et Jo le regarda, regrettant d’avoir parlé, car les yeux de son ami paraissaient fâchés, bien qu’elle vît sur les lèvres une sorte de sourire qui voulait n’être que moqueur.

« Allez-vous me faire des sermons tout le long du chemin ? lui demanda-t-il tout à coup.

— Naturellement non. Pourquoi ?

— Parce que, si vous en avez l’intention, je prendrai un omnibus. Mais j’aimerais mieux revenir avec vous à pied, car j’ai quelque chose à vous dire de très intéressant.

— C’est entendu. Je ne prêcherai pas plus longtemps, car j’aimerais immensément à entendre vos nouvelles.

— Très bien : alors venez. Mais c’est un secret, et, si je vous dis le mien, il faut que vous me disiez le vôtre.

— Je n’en ai pas… » commença Jo.

Mais elle s’arrêta en se rappelant qu’elle en avait au moins un.

« Je sais, au contraire, que vous en avez un ; vous ne pouvez pas le nier ; ainsi confessez-vous, ou je ne vous raconterai rien.

— Votre secret est-il joli ?

— Oh ! c’est tout sur des gens que vous connaissez, et si amusant ! Il faut que vous le sachiez, et il y a longtemps que je désirais vous le dire. Allons, commencez.

— Vous ne direz rien chez nous de ce que je vais vous apprendre ?