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UNE DÉPÊCHE ET SES SUITES.

éclipser ceux qui l’auraient d’abord abaissée. Après quoi, vous partiriez pour l’étranger d’où vous reviendriez Madame de quelque chose, au milieu d’un tourbillon de splendeur et d’élégance.

— J’aurais peur de la fortune pour moi, répondit vivement Meg ; elle me ferait peut-être tourner la tête. Dieu fait bien ce qu’il fait.

— Jo et moi, nous amènerons de la fortune à tous ; attendez seulement dix ans et vous verrez, dit Amy. Quand l’une de nous sera riche, toutes les autres le seront.

— Vous êtes une bonne fille, Amy ; il y a longtemps que je le sais. Je vous suis très reconnaissante de vos bonnes intentions, ma chérie. En attendant, travaillons et travaillons sans cesse, prenons exemple sur notre mère et notre père. »

Meg soupira et se remit à regarder le jardin ; Jo posa ses coudes sur la table dans une attitude pleine d’énergie ; mais Amy continua à dessiner avec confiance son paysage, et Beth, qui était assise à l’autre fenêtre, dit en souriant :

« Voilà deux choses agréables qui vont arriver tout de suite : maman rentre et Laurie vient en courant, comme s’il avait quelque bonne nouvelle à nous apporter. »

Ils entrèrent tous deux ; Mme Marsch avec sa question habituelle : « Y a-t-il des nouvelles de votre père, enfants ? » et Laurie, en disant de sa manière persuasive :

« Voulez-vous venir vous promener en voiture avec moi ? J’ai pioché mes mathématiques jusqu’à en être tout étourdi, et je vais me rafraîchir au grand air. Le temps est sombre, mais l’air n’est pas froid. Je ramènerai M. Brooke ; ainsi ce sera gai à l’intérieur, sinon