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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

Washington et d’y rester aussi longtemps que l’exigera la santé de votre père. Lui laisser faire un si douloureux voyage seule ne me paraît pas possible. M. Laurentz a précisément besoin que j’aille à Washington pour y soigner ses intérêts dans une affaire délicate, et il serait très heureux, ainsi que moi, que mon voyage, concordant avec celui de Mme Marsch, pût lui être de quelque utilité. »

Les caoutchoucs de Meg tombèrent par terre, et son thé était très près de les suivre.

Meg se trouva d’abord sans voix pour répondre à M. Brooke ; mais elle lui tendit la main avec une figure si pleine de reconnaissance, que M. Brooke se sentit payé au centuple.

« Que vous êtes bons, tous ! s’écria-t-elle enfin. Mère acceptera, j’en suis sûre, monsieur Brooke, et nous serons si rassurées de savoir qu’elle a quelqu’un, et que ce quelqu’un est vous, pour prendre soin d’elle, que je ne sais comment vous remercier. »

Meg parlait de tout son cœur ; elle ne quitta pas la main de M. Brooke et le fit entrer au parloir, en lui disant qu’elle allait appeler sa mère.

Tout était arrangé, lorsque Laurie, qui avait voulu épargner à Jo d’aller chez sa tante, arriva avec un billet de tante Marsch contenant la somme désirée, ainsi que quelques lignes répétant qu’elle avait toujours dit qu’il était absurde à son beau-frère d’aller à l’armée, qu’elle lui avait prédit qu’il n’en adviendrait rien de bon, et qu’elle espérait qu’une autre fois il suivrait ses avis. Mme Marsch, très émue quoique silencieuse, continua ses préparatifs de départ ; ses lèvres étroitement serrées auraient appris à Jo, si elle eût été là, ce qu’il lui en avait coûté de demander un service à leur tante.

La courte après-midi s’était écoulée ; tous les prépa-