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UN PAQUET DE LETTRES.

— Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement, répondit M. Brooke. Est-il une meilleure et plus aimable famille que la vôtre ? »

Mme  Marsch, pensant à ses filles, ne put s’empêcher de lui répondre avec un sourire d’adhésion.

Ainsi son long et triste voyage commença par de bons présages, du soleil, des sourires, de bonnes et affectueuses paroles.

« Je suis dans le même état que s’il y avait eu un tremblement de terre, dit Jo lorsque leurs voisins les eurent quittées.

— On dirait que la moitié de la maison est partie, répondit Meg. Quelle place elle tient dans notre vie, notre mère ! »

Beth ouvrit les lèvres pour dire quelque chose, mais put seulement montrer à ses sœurs une pile de linge bien raccommodé par Mme  Marsch, prouvant ainsi que, même dans les derniers moments, elle avait pensé à elles et travaillé pour elles. C’était une petite chose, mais elle alla droit à leur cœur, et, malgré leur résolution héroïque, elles pleurèrent toutes amèrement.

Hannah leur permit sagement de se soulager par des larmes et, lorsque l’orage sembla s’apaiser, elle arriva armée d’une cafetière.

« Maintenant, mes chères demoiselles, rappelez-vous ce que votre maman a dit, et ne vous désolez pas trop. Venez prendre une tasse de café, et puis vous vous mettrez à travailler, de manière à faire honneur à la famille. »

Le café était leur déjeuner favori du matin. Elles n’en avaient pas tous les jours, et Hannah montra un grand tact en leur en donnant ce matin-là. Aucune des jeunes filles ne put résister à la bonne odeur qui s’échappait du bec de la cafetière. Elles se mirent à