CHAPITRE XVIII
DES JOURS SOMBRES
Beth avait beaucoup de fièvre. Elle était très malade. Excepté Hannah et le docteur Banks, personne ne s’y attendait. Le médecin avait interdit à M. Laurentz de voir Beth ; aussi Hannah la soignait-elle comme elle voulait ; c’était d’ailleurs, une excellente garde-malade. Meg resta à la maison, de peur de porter la fièvre chez les Kings, et s’occupa du ménage. Elle se sentait très inquiète et se trouvait coupable quand elle écrivait à sa mère, sans lui parler de la maladie de Beth. Elle ne pouvait pas penser qu’elle agissait bien en ne lui disant pas tout ; mais elle-même lui avait appris à obéir à Hannah, et la vieille bonne ne voulait pas entendre parler « d’inquiéter Mme Marsch, si nécessaire là-bas. » M. Laurentz avait été de son avis.
Jo se dévoua jour et nuit à sa sœur ; ce n’était pas une chose pénible, car Beth était très patiente, et, tant, qu’elle put se consoler, elle supporta sa douleur sans se plaindre ; mais il arriva un moment où, pendant les accès de fièvre, elle commença à parler d’une voix creuse et brisée, à jouer sur la couverture de son lit comme sur son piano bien-aimé, et à essayer de chanter avec une gorge tellement enflée, qu’elle ne pouvait se