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LAURIE FAIT DES BÊTISES.

vous dire ce que vous lui demandiez. Je crois que vous l’avez beaucoup blessé en le secouant par le collet ; vous le rappelez-vous, monsieur Laurentz ? Il faudrait imaginer quelque chose de drôle à quoi sa bonne humeur naturelle ne pût résister.

Jo tâcha d’avoir l’air pathétique, mais elle comprit que ce serait superflu, car M. Laurentz s’était mis à rire ; elle avait gagné la bataille.

« Quelque chose de drôle, dites-vous, Jo, comme, par exemple, de faire des excuses à l’enfant, au marmot qui m’a offensé ? Serait-ce par hasard ce qu’il attend pour daigner venir partager mon dîner ?

— Pourquoi ne le feriez-vous pas ? dit Jo. Ce serait un moyen sûr de lui montrer sa folie. Si mère en venait jamais là avec moi un jour, j’en mourrais de honte, en vérité, ou de rire ! Je rentrerais en moi-même au premier mot. »

M. Laurentz lui jeta un coup d’œil perçant et mit ses lunettes en disant lentement :

« Vous êtes une malicieuse petite chatte ; mais cela ne me fait rien d’être mené par vous et par Beth. Allons, donnez-moi une feuille de papier et finissons-en avec ces bêtises. »

Un billet superbe fut écrit par lui dans les termes qu’un gentleman emploierait vis-à-vis d’une personne considérable qu’il aurait gravement offensée, et Jo, déposant un baiser sur la tête chauve de M. Laurentz, courut à la porte de Laurie. Voyant qu’elle était de nouveau fermée, et à clef, elle glissa le billet sous la porte et recommanda à Laurie, à travers le trou de la serrure, d’être convenable, soumis, aimable et quelques autres agréables impossibilités.

Elle n’avait pas fini de descendre l’escalier, laissant le billet faire son œuvre auprès du jeune rebelle,