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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

tit pleinement rassurée, elle lui répondit avec un sérieux extraordinaire :

« Tout cela est bien, très bien, monsieur John, vous serez un très bon mari pour Meg, et d’avoir consenti à répondre à sa petite sœur me prouve aussi que vous serez un très bon frère. »

Hannah parut sur ces entrefaites pour avoir raison de ce retard. On se leva, et M. Brooke conduisit sa fiancée à table avec orgueil. Tous deux avaient l’air si heureux que Jo n’eut pas même un prétexte pour se rappeler qu’elle avait tant redouté cet accord.

Amy fut très impressionnée par l’attitude de John et de la dignité de Meg ; M. et Mme Marsch étaient graves, mais évidemment satisfaits. Il était clair qu’un de leurs vœux les plus chers s’accomplissait.

Personne ne fit matériellement grand honneur au repas, si ce n’est Jo, qui s’excusait en disant :

« Que voulez-vous ? je suis comme cela, toutes les émotions me creusent l’estomac. »

La vieille chambre semblait plus claire et plus gaie que de coutume, et fière aussi de servir de cadre à un si doux tableau.

« Vous ne pourrez pas dire maintenant, dit Amy à Meg, que rien d’agréable n’arrive dans notre famille… »

L’entrée de Laurie épargna à Meg de répondre. Laurie venait, en sautant de joie, présenter un mirobolant bouquet de la part de M. Laurentz à Madame John Brooke. La conviction de l’étourdi, il faut bien le dire en passant, était que l’affaire entière avait été amenée à bon port par ses soins. Une sottise qui tourne si bien n’est plus une sottise, pensait-il. Avec ce beau raisonnement, il est jusqu’à des criminels qui finiraient par s’absoudre.

Une déconvenue l’attendait cependant. Il se faisait