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Page:Alcott - Sous les lilas.djvu/30

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La ressemblance était réelle ; sans doute le barbet était beaucoup plus sale que le chien de porcelaine, dont la tuilette était toujours l’aile avec soin ; mais le caniche vivant avait comme son semblable une touffe de poil au bout de la queue, des manchettes aux pattes, le corps rasé par derrière et couvert de poil frisé par devant ; seulement ses yeux étaient jaunes au lieu d’être noirs ; son petit nez rouge se plissait de la plus drôle de façon lorsqu’il flairait impudemment à droite et à gauche comme pour découvrir d’autres gâteaux, et depuis trois ans que le caniche de porcelaine habitait la cheminée de la salle, il ne s’était jamais livré aux exercices surprenants par lesquels l’animal mystérieux étonna les petites filles au delà de toute expression.

D’abord il s’assit, et leva ses deux pattes de devant Comme pour demander l’aumône avec gentillesse ; puis tout à coup il releva ses pattes de derrière et marcha sur celles de devant avec la plus grande aisance. À peine les deux sœurs étaient-elles un peu revenues de eur première émotion, que les pattes de derrière retombèrent à terre, celles de devant se relevèrent et le chien se mit à marcher d’un pas mesuré comme une sentinelle en faction. Mais voici qui combla la mesure : prenant le bout de sa queue dans sa gueule, il s’élança par-dessus les poupées et descendit l'allée en valsant jusqu’à la grand’porte, puis il revint toujours valsant vers la table que sa brusquerie avait renversée.

Bab et Betty se tenaient les côtes et riaient comme de petites folles, car elles n’avaient jamais rien vu de si drôle ; cependant le chien, encore étourdi, revint sur la marche et aboya bruyamment, tandis que son petit nez rose passait rapidement l’inspection de leurs