Page:Aldebrandin de Sienne-Le régime du corps, 1911.djvu/78

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Cette ample compilation que représente le livre d'Alde- brandin n'est pas cependant sans quelque mérite. A une époque où la production originale n'existait pour ainsi dire pas, les écrivains se copiant mutuellement, on ne peut tenir rigueur à notre physicien d'avoir suivi la règle commune et pillé les œuvres des médecins arabes qui avaient eux- mêmes si largement puisé chez les Grecs. Le fait d'avoir rompu le premier avec la tradition et employé le français à la rédaction d'un livre de médecine constitue pour Aldebrandin de Sienne une rare originalité, cela seul suffirait à retenir l'attention des philologues et des médecins sur le plus ancien monument médical de la langue française. Contrairement aux vastes compendiums du moyen âge qui embrassaient tout l'ensemble des sciences médicales : méde- cine proprement dite, chirurgie, obstétrique, hygiène, thé- rapeutique et pharmacologie, le Régime du Corps est remar- quable par l'unité de son sujet. Le chapitre accessoire de la Phisanomie mis à part, le livre est exclusivement consacré à l'hygiène; il ne traite pas d'autre chose et l'auteur insiste à maintes reprises sur ce que « le maladie délivrer n'est pas son entencions » mais seulement « garder le cors en santé et les maladies eskiwer. » Il faut savoir gré à Aldebrandin de s'être appliqué à extraire des manuels arabes, où elles étaient éparses, les notions qu'il a rassemblées dans son traité. Ce faisant, il se montra hygiéniste avisé, en même temps qu'excellent vulgarisateur. S'il n'a point de doctrine médicale qui lui soit propre, il appartient du moins, par ses sources mêmes, à l'école des Arabes dont il est le continuateur direct. Avec eux il est galéniste et sa physiologie, comme sa pathogénie, reposent entièrement sur la théorie des quatre humeurs et leurs qua- lités de chaud, de froid, de sec et d'humide. Malgré la communauté d'objet qui rapprochaétroitement