Page:Alembert - Trois mois à la cour de Fréderic : lettres inédites.djvu/75

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autant que moi, et aussi peu les Anglais. Ce n’est pas, comme on dit, pour me vanter, mais nous sommes assez d’accord dans nos goûts et dans nos jugements. Il n’y a que deux choses qui me contrarient un peu ici, mais que je dois mettre, comme de raison, non aux pieds du crucifix, mais aux pieds du grand Frédéric, la première, c’est qu’il se couche quelquefois à minuit passé, lorsque le plaisir de la conversation l’entraîne, comme cela lui arriva hier soir en parlant de l’Italie ; ce qui me fâcha d’autant plus que j’avais mal dormi la nuit précédente ; la seconde, c’est qu’il faut faire sans cesse son paquet pour aller de Sans-Souci à Potsdam et de Potsdam à Sans-Souci. Cette vie ambulante me fatiguerait beaucoup à la longue, mais cette contrainte durera trop peu pour que j’y prenne garde.

« Mme la Margrave de Schwedt est arrivée hier 28, à midi, avec Mme la princesse de Virtemberg, sa fille, une autre de ses filles, qu’on prétend destinée au Prince de Prusse, le jeune Prince de Virtemberg, son petit-fils, et des dames de sa suite. J’ai eu l’honneur de dîner et de souper avec elle, avec le Roi et deux généraux qui dînent toujours avec Sa Majesté. La Margrave m’a fait beaucoup de politesses, ainsi que la Princesse de Virtemberg. Mais quelque honneur que me fassent ces dîners et ces soupers de cérémonie, j’aime beaucoup mieux ceux où j’ai l’honneur de manger avec le Roi et trois ou quatre personnes. La conversation y est beaucoup plus animée et plus libre.