Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/216

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qui peut l'en empêcher ? Ne t'avais-je pas dit...

La fille
Et il a pu, comme un honnête homme, me dire adieu ! me donner des présents, de l'argent même ! Il voulait me dorer la langue pour que la mauvaise renommée de son action ne se répandît pas et n'arrivât pas jusqu'à sa jeune femme. Ah ! oui... j'oubliais... il m'a chargée de te donner cet argent pour te remercier de tes complaisances, de ce que tu as permis à ta fille de se traîner à sa suite, de ce que tu n'as pas été son gardien sévère. Ma perte, tu vois, te sera profitable. (Elle lui donne le sac d'argent.)
Le meunier, en pleurant.
Oh ! jusqu'où ai-je vécu ? et qu'a-t-il plu à Dieu de me faire entendre ? C'est un péché à toi de faire un si amer reproche à ton propre père. Je n'ai que toi dans le monde ; tu es la seule consolation de ma vieillesse ; comment pouvais-je être sévère envers toi ? Ne suffit-il pas que Dieu m'ait ainsi puni de ma faiblesse ?