Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/159

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Seigneur Dieu vous éclaire. Moi je vais de ce pas tout disposer pour le départ avec notre nouveau prince ; quant à l’autre, que le Tout-Puissant lui pardonne et vous pardonne à vous-même. »

À ces mots, le métropolitain s’éloigna.

La princesse Roxandre prit la coupe d’argent remplie d’eau qu’un valet venait d’apporter. Éperdue, hors d’elle-même, elle y laissa machinalement tomber le poison. Au même instant, les boyards la poussèrent dans la chambre du malade.

« Que fait-il ? demandait avec anxiété Spanciok à Stroïtsch, qui venait d’entrebâiller la porte afin de voir ce qui allait se passer.

— Il demande son fils et à boire ; — la princesse tremble ; — elle lui présente la coupe. — Ah ! il la refuse ! »

Et avec la rapidité de l’éclair il s’élança au milieu de la chambre, et, tirant un poignard de sa ceinture :

« Prends et bois, Altesse, et grand bien te fasse ! lui cria Stroïtsch. »

Tremblante et pâle comme la mort, la princesse Roxandre essaya de s’éloigner ; mais à peine eut-elle la force de faire quelques pas, et elle s’appuya contre le mur.

« Que le crime que je viens de commettre retombe sur vos têtes ! dit-elle en sanglotant aux boyards ; car c’est vous qui m’avez forcé la main ; vous en répondrez devant Dieu ! »

Le métropolitain revint.

« Partons ! dit-il à la princesse.

— Partir ! Qui donc aura soin de cet infortuné ?

— Nous, répondent les boyards.