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LE RETOUR DE JACQUES CLOUARD

qu’il avait vus attablés au café de la Couronne, à Genève ? et ceux venus de Londres ? et ceux arrivés de Bruxelles ? Tous enfin : les modestes comme lui, les obscurs, le menu fretin ? Mais aussi les célèbres : Rochefort ? Paschal Grousset ? Malon ? Trinquet ? Jules Vallès ?

Cependant, Jacques était en train de passer ses vêtements. Il avait hâte de sortir, de voir du monde, de courir aux quatre coins de Paris. Si son existence se trouvait brisée, au moins voulait-il savoir ce qu’était devenue celle des autres. L’instinct de sociabilité s’éveillant le rattachait déjà à la vie.

Il lui restait environ neuf francs. Son déjeuner, chez le traiteur de la rue Biot, fut des plus économiques. Puis, il ne perdit pas sa journée. Une pointe faite en passant, chez son ancien patron, boulevard Magenta. « Tiens Clouard !… Oh ! comme il est blanchi et vieilli ! » La poignée de main obligatoire, un tas de questions oiseuses. En somme, un accueil froid. Et pas de travail à lui donner immédiatement : « C’est qu’on ne fait rien ! et j’ai plus de monde que je n’en puis occuper… Dans quatre ou cinq semaines, je ne dis pas… Vous repasserez. »

Dans cinq semaines ? Plus souvent qu’il chômerait un grand mois ! Du boulevard Magenta, Jacques ne fit qu’un saut à la rue Saint-Fiacre, à la rue de Cléry. Là, il était très connu, et comme un