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JOURNAL DE MONSIEUR MURE

trices, banquiers, Bourse, politique, etc… Je suis tout à fait oublié, jusqu’à l’arrivée de quelque retardataire.


Dix heures.

Tout le monde est maintenant arrivé.

Eh bien, si je faisais une chose… Mon habit ! mes bottes vernies ! ma barbe faite !… Au moment où l’on n’attend personne, je les stupéfierais en leur montrant que je n’ai pas plus la goutte que Moreau… Tout autre aurait déjà passé sa chemise à jabot. Mais, moi, je suis M. Mure…


Onze heures.

Trop tard !

Je viens d’entendre le roulement de beaucoup de voitures au bout du Cours. La noce arrive à la mairie. Et moi, je souffre. J’ai comme une balle de plomb là, quelque part, dans la poitrine. Tout est consommé.


II


Le lendemain, 21 novembre.

Nuit mauvaise. Un sommeil entrecoupé de rêvasseries idiotes.

J’étais seul avec elle, moi, dans un wagon qui nous emmenait en Italie. Elle, tout enfant, espiègle, gamine, se penchait imprudemment par la portière. Je voulais la retenir : elle me pinçait et me tirait la barbe… Puis, elle se mettait à tourner