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LE COLLAGE

objets cassés ou disparus, vols probables, demandes d’augmentation, insolences tolérées par lassitude, familiarités acceptées par bonhomie, tout me remonte à la fois.

— À la porte, Chaudron ! je vous chasse !

Et, lui jetant dans l’escalier ce qui lui est dû sur son mois, je referme, soulagé. Puis, je reviens embrasser ma petite femme, qui me tiendra bien propre, elle, qui ne me donnera pas des soins mercenaires. Hélas ! ma petite femme me reçoit mal. J’attrape un coup de coude dans l’estomac.

Elle tremble et pleure de rage. Elle en veut « à cette sale garce ». Si elle la tenait ! Mais, en attendant, mon estomac me fait mal. Et puis, c’est qu’elle est affreuse ainsi. Un masque dur lui déforme les traits. Célina me fait peur. Je sens qu’il s’en faut d’un rien pour que sa fureur ne se tourne contre moi.


Même soir.

Parbleu ! il a fallu que ça crève ! Non seulement elle est violente, mais je viens de me convaincre qu’elle est bête, bête à couper au couteau.

Nous dînons. Elle a mis le pot-au-feu, un pot-au-feu exquis, par exemple, comme le Chaudron ne m’en faisait pas. Je viens de reprendre pour la troisième fois du bouillon. Soudain, heureux de me sentir là, devant un bon feu, pas seul, en robe de chambre et en pantoufles, le ventre à table,