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LE COLLAGE

j’éprouve le besoin de faire une fumisterie et je me mets à lui dire, la bouche pleine : « Tiens, j’ai assez de toi… Tu me fais de la mauvaise cuisine : je te déteste ! » en m’efforçant de faire passer dans ma voix toute la tendresse caressante d’un jeune premier, entendu l’autre jour à l’Ambigu. Possible que je réussisse mal les imitations d’acteur : soit ! mais la malheureuse ne se doute même pas que je plaisante. Voilà qu’elle se lève comme une furie, casse volontairement une assiette.

Abasourdi, vexé, riant malgré moi d’un rire nerveux, je me lève aussi et vais droit sur elle, oh ! pour l’embrasser. Elle me repousse brutalement. Je reviens sur elle, les bras grands ouverts. « Pardonne-moi, mon pauvre bébé. Tu ne m’as pas compris, c’était une simple plaisanterie. » Vlan ! je reçois une gifle.

C’est trop fort, cette fois ! La joue me brûle. Sa gifle, je vais probablement la lui rendre. Je me retourne, mais plus de Célina ! Dans la chambre, où elle s’est sauvée, que fait-elle donc, accroupie devant la commode ? Parbleu ! elle sort ses affaires du tiroir que je lui ai donné ; elle fait déjà son paquet pour partir.

Partir ? Et où irait-elle à cette heure, sans argent, lorsque moi-même, ruiné par nos achats d’installation, je n’en ai plus ? Ce n’était pas la peine alors de la protéger contre la veuve, de la