Page:Alexis - Le Collage.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
LE COLLAGE

parler des quatre règles, mais avoue les avoir oubliées. Telle est Célina. Je commence à la connaître. Eh bien, qui le croirait ? elle et moi, l’autre matin, en prenant notre café, la cigarette aux lèvres, nous avons eu une discussion politique.

Oui ! une longue et acharnée discussion, médico-moralo-socialo-politique, et à l’occasion de Louise Michel encore, dont le nom se trouvait dans un journal que je lisais à Célina. Moi, qui ne vote jamais, par indifférence, et qui vendrais mes droits politiques pour une boîte de cigares bien secs ! Célina a fini par me mettre en colère. Nous nous sommes sottement égosillés pendant une heure. À la fin, elle m’a cassé un sucrier.


10 avril.

Du matin au soir, et du soir au matin, avoir cette femme à son côté ! Au moins, si j’exerçais une de ces professions qui obligent à passer la journée loin de chez soi. Hélas ! sans cesse à la maison, cloué devant ma table de travail, obligé, par la nature de mes occupations, de m’absorber pendant des heures en oubliant le monde extérieur, j’ai Célina derrière moi. Au moment où je crois entrevoir la solution des problèmes les plus complexes et les plus délicats, elle m’adresse la parole. Que je m’enferme dans mon cabinet, elle viendra gratter à la porte. Même, si j’obtiens qu’elle se dispense de frapper, elle se livrera