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LE COLLAGE

certaines locataires, d’autres causes encore, ont dû troubler la pauvre Célina. Sa tête aura travaillé. Sans compter qu’une fois, en allant à son marché, elle s’est, je l’ai su, trouvée nez à nez avec la veuve. La veuve, redevenue accommodante et doucereuse, je vois ça d’ici, aura longuement parlementé avec elle. Mais tout cela aurait pu se réparer. C’est encore moi le plus coupable. Le seul coupable ! Moi, qui rêvais machiavéliquement de la surprendre en quelque flagrant délit, je me suis stupidement laisser pincer avec Flore.

Oh ! cet avorton de Flore ! Quand j’y pense ! L’autre matin, il y aura quinze jours mercredi, je m’étais levé de très bonne heure, afin de donner un coup de collier pendant le sommeil de Célina.

Même, étant allés au théâtre la veille, nous nous étions couchés tard ; connaissant ma Célina qui aime à faire le tour du cadran, je me voyais trois ou quatre heures de bon travail assuré. Assis à peine à mon bureau, je venais de prendre la plume ; mes soucis et mes chagrins complètement oubliés, j’étais déjà plein d’espoir, me sentant, ce matin-là, une grande lucidité d’esprit, lorsque, soudain, j’entends qu’on monte l’escalier. On arrive à la porte. Puis, rien : je crois m’être trompé. Puis, au lieu de sonner, on frappe. On gratte plutôt ; oui, un discret et timide frottement, celui d’un doigt familier. De peur d’un coup de sonnette qui réveillerait Célina, je m’em-