nant le résumé de la dernière séance de la Chambre.
— Oui, l’amnistie !… C’est voté par la chambre !… L’amnistie !… Le Sénat n’a plus à y fourrer son vieux pif : c’est pas malheureux ! Ça y est !
Dans son émotion, il était plus pâle encore. Soudain, quittant le journal, il tendit la main à la fruitière :
— Madame, merci… C’est du fond du cœur !… Vous avez toujours été très bonne pour moi… Et vous avez voulu comme ça m’apporter, la première, la grande nouvelle ?
Puis, avec un sourire, qui n’était pas sans grâce, ni finesse :
— Alors, je vous dois un sou !
Mais la fruitière qui s’était levée, lui secouait la main.
— Écoutez, monsieur Clouard, cria-t-elle d’une voix de stentor et en riant aux éclats ; ça ne fait rien que mon mari ne soit pas rentré : vous pouvez m’embrasser !… Je suis assez vieille, et laide, il n’y a pas de danger ! Puis, il n’y en aurait pas avec un honnête homme comme vous… Embrassez-moi carrément.
Et elle approchait sa bonne large figure, sur laquelle il déposa trois gros baisers.
Maintenant, toujours à son établi, pendant que la fruitière préparait le déjeuner, Clouard lut et relut le journal. De temps en temps, il s’accoudait