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LE RETOUR DE JACQUES CLOUARD

le pont-levis en l’air, mais quelques sentinelles de l’armée de Versailles firent feu tout à coup sur la bande des fédérés, dans le tas, et descendirent quatre camarades. Nom de Dieu ! Les Versaillais étaient dans Paris, déjà les maîtres de toute la région Nord-Ouest. Alors sauve qui peut ! Et de se disperser dans la banlieue, et de rappliquer chacun chez soi, de son mieux, en prenant des détours, naturellement. Pendant toute la semaine sanglante, Jacques Clouard n’avait pas bougé de chez lui, son fusil et ses effets de garde national jetés, prudemment retenu au logis par la sollicitude d’Adèle.

— Mais laisse-moi au moins faire un tour… Tiens, regarde, Paris entier est en flammes… Un tas de monuments brûlent. Vois ! Un immense nuage noir, çà et là ensanglanté de rouge, barre le ciel.

— Tu peux bien regarder tout ça de la fenêtre !

— Tu m’ennuies, à la fin. Je te répète qu’il n’y a pas de danger pour ceux qui n’ont rien fait ; et toi, tu sais bien que, après tout, je n’ai rien fait.

— C’est comme si tu chantais !… Je te dis qu’il faut rester chez nous.

Les derniers coups de canon tirés du Père-Lachaise, quand les monuments incendiés ne furent plus qu’un amas de cendres fumantes, Jacques avait repris son train-train de vie ordinaire. Il trouvait du travail et se croyait désormais tran-