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DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE.

des mesures sévères sont prises pour l’entretien des routes, on nomme des fonctionnaires pour les surveiller[1] ; les communes ont des registres publics où s’inscrivent le résultat des délibérations générales, les décès, les mariages, la naissance des citoyens[2] ; des greffiers sont préposés à la tenue de ces registres[3] ; des officiers sont chargés d’administrer les successions vacantes, d’autres de surveiller la borne des héritages ; plusieurs ont pour principales fonctions de maintenir la tranquillité publique dans la commune[4].

La loi entre dans mille détails divers pour prévenir et satisfaire une foule de besoins sociaux, dont encore de nos jours on n’a qu’un sentiment confus en France.

Mais c’est par les prescriptions relatives à l’éducation publique que, dès le principe, on voit se révéler dans tout son jour le caractère original de la civilisation américaine.

« Attendu, dit la loi, que Satan, l’ennemi du genre humain, trouve dans l’ignorance des hommes ses plus puissantes armes, et qu’il importe que les lumières qu’ont apportées nos pères ne restent point ensevelies dans leur tombe ; — attendu que l’éducation des enfants est un des premiers intérêts de l’État, avec l’assistance du Seigneur…[5] » Suivent des dispositions qui créent des écoles dans toutes les communes, et obligent les habitants, sous peine de fortes amendes, à s’imposer pour les soutenir. Des

  1. Code of 1650, p. 49.
  2. Voyez l’Histoire de Hutchinson, vol. 1, p. 455.
  3. Code of 1650, p. 86.
  4. Id., p. 40.
  5. Id., p. 90.