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AVANT-PROPOS

« C’est tousiours plaisir de veoir les choses escriptes par ceux qui ont essayé comme il les faut conduire.

» Montaigne. »

Alexis de Tocqueville, qui était entré dans la vie politique en 1839, se trouvait au moment de la révolution de Février dans la force de l’âge et dans toute la maturité de son talent. Résolu à se consacrer à la défense des intérêts de la société et du pays, il s’engagea dans la lutte et fut l’un des premiers, parmi ces hommes de grand cœur et de bonne foi, qui tentèrent alors de maintenir la république dans des voies sages et modérées, en évitant pour elle le double écueil du césarisme d’un côté et de la révolution de l’autre : périlleuse et ingrate entreprise, dont un esprit aussi clairvoyant que le sien ne pouvait se dissimuler les difficultés et dont il présageait de bonne heure l’éphémère durée.

Après la chute de son court ministère rempli de tant de soucis et de si fortes agitations, se croyant écarté pour un temps (ce devait être pour toujours) de la conduite des affaires