4° Lu volonté divine.
1. Dieu veut Tuccomplissement de ses préceptes. — Uisgression pour répondre à
une objection tirée du sacrifice d’Abraham (p. 389390).
2. Dieu n’est pus cause même matérielle du péché. Deux objections fournissent occasion à Molina de s’expliquer sur ce point. Un acte est péché, parce qu’il est opposé à la loi de Dieu. Comme tel, il est le fait de la volonté qui abuse du concours divin. Ce concours est conforme à la loi de Dieu, la coopération de la volonté lui est opposée. De même donc que c’est la détermination libre de la volonté qui spécifie l’acte, c’est elle qui lui donne son caractère moral. On peut appliquer ici l’adage : bonum ex integru causa, malum vero ex particularibus efjectibus (p. 395-402).
5° La providence.
Molina renforce sa réfutation
de Cajétan, d’après lequel la providence inclut l’obtention de la fin voulue par Dieu, par l’addition de quelques conséquences « absurdes » de cette doctrine : l'état d’innocence d’Adam, le salut du genre humain tout entier, etc., ne seraient pas d’ordre providentiel (p. 407).
6° La prédestination.
1. La grâce efficace. — Pour
défendre la grâce efficace par elle-même, on a voulu faire dire à Molina que la volonté libre donne force ou efficacité au secours de grâce, comme si un effet surnaturel pouvait être produit par une cause qui ne le serait pas. Telle n’est pas sa pensée : le consentement de la volonté à la grâce prévenante ne donne pas à celle-ci l’efficacité, mais réalise une condition sans laquelle ce secours ne sera pas efficace ; la volonté coopère avec la grâce, mais elle le fait par sa force naturelle, et si l’acte produit lui doit d'être libre, il doit à la grâce seule d'être surnaturel (p. 462-403).
2. La vraie doctrine de saint Thomas sur la prédestination.
Molina, on s’en souvient, a admis, avec saint Augustin et saint Thomas, que la prédestination n’a pas de cause ou même de condition sine qua non dans le prédestiné, mais qu’elle dépend de la seule volonté miséricordieuse de Dieu. Il a rejeté néanmoins les prédéfinitions et la grâce efficace par elle-même, que certains ont fait intervenir ici.
Beaucoup, cependant, pensent bien interpréter saint Thomas en soutenant que Dieu, avant toute prescience de l’usage de la liberté, et donc sans en tenir aucun compte, a choisi en particulier certains hommes auxquels il a voulu donner la béatitude, et en a exclu les autres, afin de faire éclater dans les premiers sa miséricorde et dans les seconds sa justice ; et qu’ensuite il a prédestiné ces élus en les pourvoyant des moyens de salut, tandis qu’il décidait de permettre aux autres le péché et de les y endurcir.
Est-ce là, se demande Molina, la pensée de saint Thomas ? Plusieurs textes portent à le croire, répondil, (par exemple, q. xxiii, a. 5, ad 3um) ; mais « il n’est pas douteux pour moi que son opinion sur la prédestination et la réprobation n'était pas aussi dure que celle des inventeurs des secours efficaces par euxmêmes, et des prédélinitions par un concours divin efficace par lui-même ». Saint-Thomas semble avoir eu en vue surtout, avec son maître saint Augustin, la parfaite liberté de la prédestination, et n’avoir pas remarqué l’utilité qu’il y aurait eu à ajouter : fuisse nihilominus prtedestinationem et reprobalionem nnn sine prtescieniia qualitaiis usas liberi arbitra, habilaque considérât ione illius… Cette formule, ils ne l’ont niée ni l’un, ni l’autre, et, si on les avait ( « insultés, ils ne l’auraient pas niée non plus (p. (65-468).
Molina conclut que l’opinion combattue par lui et que beaucoup trouvent trop dure et indigne de la bonté et de la clémence divines, n’est pas celle de saint Augustin et de saint Thomas, qui affirment l’universalité de la volonté salvilique. Si même ces doc leurs l’avaient favorisée, il ne faudrait pas, malgré le respect qui leur est dû, les suivre en cela. Ainsi exprimée, cette conclusion ne fait que répéter en la renforçant l’idée exprimée déjà dans la 1e édition de la Concordia (éd. de 1588, p. 431 ; édit. de 1595, p. 468).
3. L’action de Dieu sur notre volonté est-elle déterminante ? — Quelques arguments fournis à Molina pour l’affirmative l’invitent à étudier de près cette question. Il y répond par les remarques suivantes : les actes libres sont ainsi appelés par dénomination extrinsèque, la liberté n’est pas en eux mais dans la volonté qui les pose. Ni le concours naturel de Dieu, ni son concours surnaturel à la production d’un acte n’empêchent donc la liberté. Mais, comme, sans la grâce, l’acte libre serait d’ordre nat urel, on peut dire que l’action de la grâce détermine la volonté à l’acte surnaturel, non en ce sens qu’elle déterminerait le consentement, mais en ce sens que, par elle, l’acte est d’espèce surnaturelle. Ce n’est pas que Dieu ne puisse déterminer la volonté à agir ; mais régulièrement il la sollicite sans la contraindre. On a allégué en vain saint Thomas : il est d’accord avec nous pour rejeter les « prédéfinitions » nécessitantes (p. 469-477).
4. Les moments successifs de la prédestination. — Molina avait refusé d’admettre dans la prédestination avec Scot, Cajétan et Durand, plusieurs « moments » dans lesquels Dieu aurait prévu ou décidé successivement l’incarnation, la prédestination du Christ et des bienheureux, la réprobation des autres. On l’avait mal compris ; on avait cru qu’en raison de la simplicité de l’acte de volonté divine, il croyait impossible d’y faire une distinction de priorité et de postériorité qui soit fondée en réalité.
La vérité est qu’il n’avait pas parlé en général, mais rejeté ces « moments » dans trois cas : 1. quand deux ordres se compénètrent au point que ce qui arrivera dans l’un dépend de ce qui arrivera dans l’autre. C’est pourquoi il n’a pas admis, avec Cajétan, que Dieu connaît les futurs de l’ordre naturel avant ceux de l’ordre de la grâce, et ceux-ci avant ceux qui se rapportent à l’union hypostatique. — 2. Quand des fins sont voulues l’une avec l’autre ou en dépendance l’une de l’autre. C’est pourquoi il n’a pas admis avec Sent que Dieu a connu et voulu absolument l’incarnation, avant d’avoir voulu et connu la rédemption du genre humain par le Christ. — 3. Quand une fin n’est voulue et par suite connue qu’en dépendance de moyens. C’est pourquoi Dieu, n’ayant voulu la béatitude pour les hommes que comme une récompense à laquelle ils parviendraient par leurs propres mérites appuyés sur la grâce, n’a pas prévu et voulu absolument leur récompense avant d’avoir prévu et voulu pour eux les moyens d’y arriver.
Cette doctrine est compatible avec la volonté antécédente par laquelle Dieu a voulu le salut de tous les hommes qu’il a décidé de créer, car c’est là une volonté conditionnelle ; mais Dieu n’a voulu absolument Le salut de personne qu’en voulant absolument les moyens, et en prévoyant que la condition du salut serait réalisée. Il n’y a donc pas lieu d’admettre une élection au salut antérieure à la prédestination. A fortiori en est-il de même de la réprobation. I.a même doctrine permet aussi de dire que la prédestination du Christ est antérieure à celle des individus qui son ! prédestinés en lui (Appendice à q. xxiii, a. l et 5, ræmb. s. p. 490-494).
5. L’influence de lu prédestination sur lu volonté libre. Certains ont objecté à Molina que la grflee prévenante, qui est un effet de la prédestination,
concourt au bon USStge de la VOionté libre, non seulement en coopérant avec elle à son acte, mais en la
mouvant, ils en ont conclu que l’acte <iui nous dis-