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DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

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ORDÉRIC VITAL (1075 - après 1141). — Ce personnage, dont le nom d’Ordéric fut changé en celui de Vital au moment de son entrée au couvent, nous a donné lui-même sur sa vie un certain nombre de renseignements très précis. Il est né près de Shrewsbury (Shropshire, Angleterre), le 16 février 1075 ; dès l’âge de dix ans il est envoyé par son père à l’abbaye de Saint-Évroult, en Normandie (départ, de l’Orne) et devient moine. Sous-diacre en 1091, diacre en 1093, il n’est ordonné prêtre qu’en 1107, à Rouen. Bien que moine exemplaire et de la plus grande régularité, il n’a pas laissé de faire, par obéissance, un certain nombre de voyages, dont un au moins le ramena en son pays natal. Sollicité par son abbé d’écrire l’histoire du monastère, fondé en 1050 sur les ruines d’un couvent mérovingien, il fut amené à étendre peu à peu son plan, et la chronique de Saint-Évroult se transforma ainsi en une Histoire ecclésiastique, qu’Ordéric terminait en 1141. Nous ne savons rien de lui après cette date. — Son Historia ecclesiastica en treize livres est une œuvre considérable, qui commence à la naissance de Jésus-Christ et se termine en 1141. La composition générale manque d’homogénéité, car c’est peu à peu seulement, et au cours même de la rédaction, que l’auteur a pris conscience de ce qu’il voulait faire. Elle dépend étroitement, pour les époques antérieures, des historiens anciens : Eusèbe et le Pseudo-Hégésippe, le Liber pontificalis, Grégoire de Tours, Bède, Paul Diacre, sans compter, pour l’antiquité la plus reculée, les actes authentiques et apocryphes des apôtres. Pour les périodes plus rapprochées de lui, l’auteur a utilisé un nombre relativement considérable d’annales, de catalogues épiscopaux et de chroniques dont L. Delisle a fait l’exact relevé. Pour les faits contemporains, Ordéric s’est documenté avec soin ; Saint-Évroult d’ailleurs, comme toutes les grandes abbayes, offrait à ce point de vue des facilités spéciales. Somme toute il a produit une œuvre qui n’est pas méprisable, et qui fournit, pour l’histoire ecclésiastique en général, et pour celle de la Normandie et de l’Angleterre en particulier, une appréciable contribution. Mais, si elle est précieuse pour l’historien, elle ne présente pas, pour le théologien, l’intérêt majeur qu’offre le travail, presque contemporain, d’Othon de Freising. Elle a d’ailleurs beaucoup moins attiré l’attention soit au Moyen Age, soit de nos jours.

Texte. — Édité pour la première fois par A. Duchesne dans les Historiæ Normannorum scriptores, Paris, 1619, p. 321-925 ; dom Bouquet et ses continuateurs l’ont dispersé dans les t. ix, x, xi, xii du Recueil des historiens des Gaules et de la France ; édit. critique par A. Le Prévost, dans la collection publiée par la Société de l’Histoire de France, 5 vol. in-8°, Paris, 1838-1855 ; Migne a donné le texte dans P. L., t. clxxxviii, 1855, d’après Duchesne, le Recueil et les quatre premiers volumes de Le Prévost ; les Monumenta Germaniæ historica, Script., t. xx, ne reproduisent que les fragments intéressant l’Allemagne.

Sources. — Les renseignements sur Ordéric sont dispersés dans l’ensemble de l’œuvre ; mais il donne lui-même son curriculum vitæ à la fin de l’Historia, l. XIII, c. xliv (n’est pas dans P. L.), voir édit. Le Prévost, t. v, p. 133 ; et Mon. Germ. hist., Script., t. xx, p. 81-82.

Travaux. — E. du Pin, Nouv. biblioth. des auteurs ecclés., t. ix, 1697, p. 189 ; dom Ceillier, Hist. gén. des auteurs sacrés et ecclés., t. xxii, 1758, p. 237-245 (2e édit., t. xiv a, p. 369-373) ; Histoire littéraire de la France, t. xii}, 1763, p. 190-203 ; excellente notice sur Ordéric par L. Delisle, en tête du t. v de l’édit. Le Prévost ; J. Tessier, De Orderico Vitali (thèse), Paris, 1872, étudie l’emploi qu’Ordéric a fait de ses sources.

É. Amann.


ORDINATIONS ANGLICANES. — Très vivement agitée avant la publication de la bulle Aposlolicee curæ, la question des ordinations anglicanes a maintenant perdu de son acuité. Si les anglicans n’ont pas été convaincus par le document pontifical, s’ils croient toujours avoir une véritable hiérarchie, possédant les mêmes pouvoirs sacrés que les prêtres et les évêques de l’Église romaine, les catholiques ne peuvent plus discuter la sentence rendue par le Saint-Siège et déclarée irréformable par Léon XIII. Notre but sera donc de donner un aperçu historique de la controverse et d’exposer les arguments sur lesquels Rome s’est appuyée pour c.éclarer nuls les ordres conférés par l’Église anglicane. — I. Les origines de la hiérarchie anglicane (col. 1155). IL La controverse sur la validité des orcres (col. 1159). III. Les arguments invoqués par la bulle Apostolicse curæ (col. 1168).