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    1. PALAMAS##


PALAMAS. L’ESSENCE DIVINE ET SES OPERATIONS

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surélevé par la puissance de Dieu, et elle est connaissablé et compréhensible. 6° La première est absolument immobile ; la seconde est mobile et mouvement, rf, v 8*èvépyeiav xivoujiivTjv xal xivyjaiv. 7° L’une est imparticipable, l’autre participable par les créatures. 8° L’essence ne présente en elle-même aucune différence ; les opérations diffèrent et de l’essence et entre elles ; c’est pourquoi la première est au-dessus de tout nom, tandis que les secondes peuvent être désignées par un nom spécial. 9° L’essence est absolue, sans relation, inimitable ; les opérations sont relatives et imitables. 10° L’essence est immortelle en elle-même ; l’opération n’est immortelle qu’à cause de l’essence ; par elle-même elle peut disparaître, si on la considère du côté de la créature, tj svépysia Sià u.èv ttjv oùalav àOavaTÔç, oYaÙTTjv 8k véxpcoaiç. 11° L’essence, en tant qu’imparticipable, l’emporte infiniment sur l’opération, qui est participable, xai tô |ilv, wç àjxsOsxTov, àTCîipàxiç àTCipcoç ÔTrépxsiTaf tô S’coç [asOsxtov, à : retpâx’. ç àTrslpwç ùcpsÏTai. Cf. P. G., t. au, col. 316 D ; t. cliv, col. 848 A, où l’on trouvera plusieurs citations des écrits de Palamas.

b) Malgré ces multiples différences, l’essence et les opérations ont cependant quelques attributs et quelques noms en commun. La première et les secondes font partie du Dieu unique, sont divines, et par le fait sont également incréées et éternelles. On peut les désigner par le nom de 0s6t7]c ; et même par celui de 0s6ç. Un point capital pour Palamas est que l’opération, l’èvspyeia divine, peut recevoir le nom de ŒÔttjç ; et comme il est possible de distinguer un nombre infini d’opérations et d’attributs, il est permis de parler de plusieurs 6eÔT7}TEÇ. Attaqué par ses adversaires sur cette terminologie, au concile de 1351, il parut, un instant, renoncer à l’emploi du pluriel ; mais ce fut une concession de pure forme et passagère. Dans le décret final du concile, on maintint que, d’après les Pères, l’opération divine pouvait être appelée Qsôrq< ;  ; cf. P. G., t. eu, col. 725 D, 730-731 ; 742-745.

4. La nature de la lumière lha borique et de la grâce déifiante. — Si, dans l’ordre historique du développement du système, la question de la lumière du Thabor vient en première ligne, comme nous l’avons montré plus haut, une fois ce système pleinement élaboré, elle ne fait figure que de détail, de partie rentrant dans le tout. Mais cette partie est importante, car Palamas a greffé sur la lumière thaborique toute la question du surnaturel, de la divinisation des créatures par la grâce et la gloire.

Qu’est, en effet, pour lui la lumière dont resplendit Jésus sur le Thabor 1 C’est une èvépysta divine de premier ordre ; c’est le rejaillissement, la splendeur, la gloire, la forme, jxopepy), la beauté, la lumière essentielle de Dieu, la grâce déifiante, -q Ssorroiôç yâpiç, , le royaume des cieux promis aux anges et aux hommes. Comme les autres êvépysiai, celle-ci est incréée et éternelle. C’est par elle que nous devenons participants de la nature divine, comme l’enseigne saint Pierre. Les apôtres, sur le Thabor, purent la contempler de leurs yeux corporels par un effet de la puissance divine ; car leurs forces purement naturelles, ni l’œil du corps, ni le regard de l’esprit ne seraient capables de cette vision. Palamas reconnaît donc la nécessité d’une surélévation des facultés naturelles pour contempler l’éclat jaillissant de la divinité. Mais cette sure évation e’Ie-même est une opération divine incréée : où jj.6vov tô çwç àcxTierrov, àXXà xal Y) 8’ivau.i.ç xaO’/jv ôpôtTOti. P. G., t. cl, col. 818 A, 1224 A. D’après notre théologien, la grâce de la divinisation ne pose rien de créé dans l’âme déifiée. Tout part de Dieu et est éternel et incréé. La lumière divine est à la fois ce qui est vu et ce par quoi elle est vue.

Au demeurant, la lumière divine, la grâce déifiante se diversifie et se diffuse dans les créatures sans subir de division en elle-même, à ; j.epîcTojç fxeptvouivy). Elle est participée de diverses manières et à des degrés inégaux, suivant la capacité et les dispositions de ceux qui la reçoivent. C’est pourquoi elle est à la fois une et multiple. Ces opérations et puissances divinisatrices, ai toû Iïvsù[jiaTO< ; §ovâ(j.£t.ç ts xal èvépyEiai. sont innombrables. Le prophète fsaïe en énumère sept. parce que, chez les Hébreux, le nombre sept est synonyme de beaucoup. C’est une grossière hérésie de déclarer créés ces dons de l’Esprit, car ce sont dis processions, des manifestations et des opérations ou énergies physiques du même Esprit, éternelles et incréées comme lui : irpooSoi yàp T( * foiocura, xal èxçâvasiç xal évépysiai cpuaixal toù évôç lJvîù|jLaT<jç slai. Capita theologica, 69-71, P. (<’., t. cl, col. Il Ci) 1172.

Cette divinisation des créatures par des puissances incréées permet de leur attribuer, par une sorte de communication des idiomes, les propriétés mêmes de ces puissances et de ces opérations de l’Esprit. Ceux qui participent à la lumière divine soit dès ici-bas, soit dans l’autre vie, — il n’y a entre les deux visions qu’une question de degré, — sont appelés dieux, éternels et incréés. Palamas écrit : « Non seulement cette grâce est incréée, mais incréé est également son effet : où [iôvov Se 7] TOiaÙTY) X^P 1 ? ax-acrrôç sera, àXXà xal tô àTTOTsXscjjia ttjç tou 0eoù T01aÙT7)ç évepYeîaç axTiaTÔv scm… Paul était créé tant qu il ne vivait que de la vie naturelle reçue par création ; mais du jour où il vécut de la vie divine et éternelle du Verbe habitant en lui, il devint incréé par la grâce… Comment la grâce ne serait-elle pas incréée, alors que ceux oui y participent sont tous incréés et dieux’? àXXà yàp àxTtaTOi (xèv outoi TcâvTsç yjy.pin, waTrsp 8t] xal Œoî. Lettre à Acindyne ; cf. Adversus Palamam, P. G., t. cliv, col. 860-861.

A la question de la nature de la lumière thaborique et de la grâce déifiante est intimement liée ceile de la nature de la béatitude des saints dans le ciel. C’est un dogme de la théologie palamite que Dieu considéré en lui-même, c’est-à-dire dans son essence et sa nature, est absolument invisible et inaccessible à toute créature, ange ou homme. Le Dcum nemo vidii un quam de l’Écriture ne s’applique pas seulement dans l’ordre naturel, mais aussi dans l’ordre surnaturel. La divinisation des créatures intelligentes par la grâce ne les rend nullement capables de voir Dieu tace à face, tel qu’il est en lui-même. Palamas oublie le Videbimus eum sicuti est de la première épître do saint Jean. Ce que les anges fidèles et les saints contemplent dans le ciel, ce qui les béatifie, ce n’est pas la vision même de Dieu en trois personnes considéré dans son être intime, c’est la vision de la gloire. d< l’éclat, de la lumière qui jaillit, resplendit de l’essence divine et de chacune des trois personnes. Les apôtres, au Thabor, eurent donc un commencement de visii n béatifique. La lumière thaborique, c’est le royaume même de Dieu promis aux élus. Six jours avant la Transfiguration, Jésus-Christ n’avait-il pas prédit que quelques-uns de ceux qui l’écoutaient alors ne goûteraient pas la mort avant de voir le Fils de l’homme venant dans son royaume ?

5. Fondements philosophiques et theoloi/iques du système. — Le système de Palamas est incontestablement une nouveauté dans l’histoire de la théologie byzantine. On n’en trouve nulle part l’équivalent dans la période antérieure.

De ce caractère de nouveauté le théologien hésychaste et ses disciples ont eu conscience et ils n’ont pas fait difficulté de le reconnaître. Ils se sont posés en révélateurs de mystères cachés jusqu’à eux dans