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    1. PALAMITE (CONTROVERSE)##


PALAMITE (CONTROVERSE). CONCILES DE 1341

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d’Andronic III Paléologue. En fait.cn lisant la pièce. on s’aperçoit qu’il n’y est question que du synode tenu dans l'église Sainte-Sophie, le 10 juin 1341, quatre jours avant la mort d’Andronic (là juin), et que Barlaam seul est nommé. Le titre est donc faux, mais pas complètement cependant. Eclaircissons le mystère. Et commençons d’abord par parler de ce fameux concile de juin 1341, ou les accusations de Barlaam contre les hésychastes furent rejetées et son opinion sur la nature de la lumière thaborique condamnée comme contraire à la doctrine des Pères.

Nous avons dit qu'à son retour de l’ambassade d’Avignon (1339), Barlaam, après une courte halte à Constantinople pour rendre compte de sa mission, avait regagné Thessalonique, et avait refait son ouvrage contre les hésychastes. en l’intitulant : KaT-i MaaaaXtavcTiv. Sans retard, l’alamas avait répondu à cette nouvelle édition par une troisième triade de discours contre le moine calabrais. Dans ces derniers opuscules, le théologien bésychaste accentuait ses nouveautés hétérodoxes, tant pour le fond de la doctrine que pour les formules. Dès qu’il les eut en main. Barlaam reprit le chemin de la capitale et alla dénoncer son rival au patriarche. Il alla aussi trouver Acindyne pour solliciter son appui dans la lutte contre les hésychastes et leur défenseur..Mal lui en prit, car Acindyne, à ce qu’il nous raconte lui-même dans son Discours au patriarche Jean et à son synode, écrit en 1344, le rabroua vertement, lui faisant remarquer que ce n'était pas à lui, étranger, de se mêler de critiquer et de réformer les abus de l'Église byzantine, où tov BapXaàji. TcpocyrçxELV èpeuvav xà Tj^té-epa xai SiopOoùv. Monæensis grâce. 223, fol. 51 v°. Puis, avec quelques moines, le même Acindyne se rendit chez le patriarche. On examina les écrits de Palamas. apportés par Barlaam, et on y trouva de telles énormités théologiques, qu’on ne voulut point croire qu’elles fussent authentiques. On pensa que le Calabrais les avait inventées. On lut aussi l’ouvrage de ce dernier contre les moines, et il apparut qui ! n'était pas à l’abri de toute critique. Le patriarche chargea Acindyne de l’examiner et d’en écrire, au besoin, une réfutation, ("est ce qui fut fait. Acindyne trouva Barlaam répréhensible sur deux points : Il parlait de la lumière du Thabor d’une manière peu respectueuse, en enseignant qu’elle était inférieure en dignité non seulement aux anges, mais même à l’esprit humain et à ses concepts, alors cpie les l'ères de l'Église en avaient dit des choses si merveilleuses. De plus, ses critiques de la méthode de prière des hésychastes étaient fort exagérées, et ces bons caloyers ne méritaient pas qu’on les traitât de massaliens ou de bogomiles. D’accusateur, le moine calabrais risquait fort de passer au rang d’accusé, car Acindyne l’attaquait ouvertement et défendait Palamas. Il alla même jusqu'à publier plusieurs disserta lions contre lui.

Mais, sûr de ce qu’il avançait, Barlaam ne se laissa pas déconcerter par ce premier insuccès. Il continua à dénoncer Palamas par toute la ville et le présenta même comme tenant des conciliabules au mont Athos et à Thessalonique, contrairement aux saints canons. <oç apa ô lIaXa(i.àç napaauvaYMyàç èv tu opst tcû àyîco tt’j'.ôï jtàv ~ꝟ. 0s<T<TaXovb17) Tiapà toùç Œîo’jç xai îspoùç Kavôvaç. Ibid. De ces conciliabules de Palamas nous connaissons au moins celui dont parle Philothée dans son Panégyrique, c’est-à-dire cette réunion des principaux athonites où fut élaboré un autre document palamite déjà signalé, le t6(x, oç àyiopeiTixoç. Devant cette accusation positive et grave par ellemême, qui fut portée à ses oreilles non seulement par le Calabrais, mais par plusieurs autres, Jean Calécas se décida enfin à agir. Une lettre synodale assez dure de ton fut envoyée à l’archevêque de Thessalonique

pour qu’il lit diriger sur Constantinople le moine Palamas. Barlaam lui-même fut chargé de la faire parvenir à destination. Acindyne en eut connaissance et. trouvant le procédé peu délicat pour son ami Palamas. eut l’audace d'écrire au patriarche pour lui faire des remontrances sur la sévérité de la missive. Il se présenta ensuite lui-même au prélat, ajoutant qu’on aurait dû au moins envoyer un exemplaire de la lettre à Palamas lui-même pour ménager son amourpropre. Le patriarche se laissa convaincre et résolut de n’adresser la lettre synodale qu'à Palamas. Mais il était trop tard. Quand on demanda à Barlaam de rendre la lettre qui lui avait été remise pour le métropolite de Thessalonique, il répondit que l’expédition était déjà faite. Jean Calécas poussa alors la condescendance jusqu'à faire envoyer un exemplaire du document à Palamas lui-même par l’intermédiaire d' Acindyne. Ainsi le coup serait quelque peu amorti pour le défenseur des hésychastes.

Le pli avait à peine pris la direction de Thessalonique qu’Acindyne reçut de Palamas lui-même la fameuse lettre où celui-ci lui exposait tout au long son système sur l’essence de Dieu et son opération, la lumière et la grâce incréée. On y lisait en particulier la phrase suivante : La grâce déifiante du Saint-Esprit est une divinité inférieure, don de la divinité supérieure, i} Qeonoibç, Scùpeà roù IIveûp-ocTÔc ; ècm Qeàrr^ ûtpeir ji.évy), Scopov oùaa ttjç 'mepïieiy.évrfc. Acindyne alors ouvrit les yeux et comprit que les accusations d< Barlaam n'étaient pas des racontars, mais la vérité pure. Il résolut pourtant de mettre tout en œuvre pour épargner à son ami une condamnation certaine cl se lit fort d’obtenir de lui la suppression d’une terminologie offensive des oreilles pies.

Justement, quelques jours après, Palamas délui ! quait à Constantinople et prenait logement chez lui. On s’entretint des accusations de Barlaam. On parla aussi de la lettre qu’Acindyne avait reçue peu de jours auparavant. Lue discussion s’engagea. Acindyne lit remarquer à son ami que sa doctrine était opposée à celle des Pères ; mais il ne réussit pas à le convaincre. Tout ce qu’il put obtenir de lui, ce fut la promesse d’effacer de ses écrits les expressions choquantes, aînés qu’on se serait débarrassé de Barlaam, cet ennemi commun de toute la corporation des moines, xoivôv È7r/]psa<T7Yjv ôVra toû er/y^a-roç toù y ; cA£Tspou. En attendant, Acindyne s’engagea à garder le silence sur les innovations doctrinales du nouveau théologien, qui ne présenta au patriarche que la partie de ses écrits où il n’y avait rien à reprendre au point de vue dogmatique.

Le plan concerté par Acindyne jour faire condamner Barlaam réussit. Nous apprenons, en effet, par un document encore inédit, conservé dans le Vatic. grsec. 2335, et composé vers 1370 sous forme de projet de concile contre la doctrine palamite, au nom du patriarche d’Antioche, que, dans une réunion privée, tenue avant le synode public, l’empereur, le patriarche et quelques membres éminents du Sénat décidèrent de donner à la future assemblée un caractère purement disciplinaire. On écarterait systématiquement toutediscussion d’ordre dogmatique. On ferait semblant de ne voir en l’affaire qu’une pure querelle entre moines et l’on réglerait le différend à l’amiable. Barlaam serait débouté de son action en diffamation contre les hésy chastes, et on l’inviterait à se réconcilier avec Palamas. Quant au débat doctrinal, il serait remis à plus lard. Un nouveau synode se réunirait en temps opportun pour le trancher. En attendant, on défendrait, tous les peines les plus sévères, d’agiter des questions don matiques. On espérait ainsi étouffer l’affaire et faire l'économie d’une controverse toujours dangereuse pour la paix et l’unité de l'Église : BouX-r ; v (30uXe>jov-