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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/237

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459 SACRAMENTAIRE (CONTROV..). ACCORD DE WITTENBERG 460

huait la victoire dans les conclusions du colloque de Marbourg. Et il répond :

Ce ne sont que des menteurs et leur mensonge même n’est que fumée et simulation, comme le prouvent leurs actes… Nous n’avons rien révoqué de nos doctrines. Eux, ils n’ont pu résister que sur ce seul article de la cène… El l’unique et total argument de Zwingli l’ut que « un corps ne peu ! pas être sans lieu el

« dimension », à quoi j’ai répondu, avec la philosophie,

que » le ciel lui-même, ce corps si grand, est naturelle < ment sans lieu », ce qu’il n’ont pu réfuter. Et pour Œcolampade, l’unique argument fut que « les Pères a appellent la cène un signe, ce qui prouve que le corps

« n’y est pas ». Enders. t. vii, p. 353-354.

La diète d’Augsbourg.

Quoi qu’il en soit, les

< réformateurs » durent se présenter, en ordre dispersé, devant la diète d’Augsbourg, de 1530, que présidait Charles-Quint. Les luthériens purs se comptèrent sur la « confession » rédigée par Mélanchthon. On y lisait, au sujet de l’eucharistie : « Sur la cène du Seigneur, ils. enseignent que le corps et le sang du Christ sont vraiment présents et sont distribués à ceux qui mangent à la cène du Seigneur, et ils réprouvent ceux qui enseignent autrement. »

A l’opposé, Zwingli déclarait, dans sa Fidei ratio, présentée à l’empereur et à la diète, le 8 juillet 1530 :

« Je crois que dans la sainte eucharistie, c’est-à-dire

dans la cène d’actions de grâces, le vrai corps du Christ est présent par la contemplation de la foi, c’est-à-dire que ceux qui rendent grâces au Seigneur pour le bienfait qu’il nous a conféré en son Fils, reconnaissent qu’il a pris une vraie chair, qu’il a vraiment souffert en elle, qu’il a vraiment lave nos péchés, en sorte que toute l’action réalisée par le Christ leur est comme présente par la contemplation de la foi. Mais que le corps du Christ, par son essence et réellement, c’est-à-dire le corps naturel lui-même, soit dans la cène ou qu’il soit broyé par notre bouche et nos dents, comme le prétendent les papistes et certains autres qui regrettent les marmites d’Egypte (les luthériens), cela non seulement nous le nions, mais nous proclamons avec constance que c’est une erreur opposée à la parole de Dieu. »

Enfin, entre ces deux théories diamétralement opposées, la Confession tétrapolitaine — celle des quatre villes de Strasbourg, Constance, Mcmmingen et Lindau — présentée le 11 juillet 1530, contenait, sur l’eucharistie, la déclaration que voici : « Au sujet du vénérable sacrement du corps et du sang du Christ, tout ce que les évangélistes, Paul et les saints Pères ont écrit, les nôtres, par une foi excellente, l’enseignent, le recommandent, l’inculquent. Et ainsi, avec un soin spécial, ils prêchent souvent cette bonté du Christ envers nous, par laquelle il n’est pas moins présenl. au jourd’hui, que dans cette suprême Cène, à tous ceux qui se sont rangés de cœur parmi ses disciples, car ils reproduisent celle Cène, telle qu’il l’a instituée et où il daigne donner, sous des signes sensibles, son vrai corps el son vrai sang, qui doivent être vraiment l’un mangé et l’autre bu, pour la nourriture et le breuvage des âmes, en sorte qu’elles SOient nourries pour la vie éternelle, et que désormais il vive et demeure en elles et elles en lui, pour être ressuscites par lui, au dernier jour, en une vie nouvelle et immortelle, selon ses paroles de vérité éternelle : « Prenez et mangez, Ceci est mon corps, etc., »

On remarquera le soin avec lequel les Strasbourgeois

évitent de préciser le mode de présence du Christ dans

l’eucharistie.

V. Fin de la controverse, tau la Concorde de

W’r i i ; nui ne, EN 1536, I.e plus opposé a la doctrine

de Luther avait été Zwingli, après Karlstadt, On a iiv

dans sa Ratio jiitci. le souverain mépris avec lequel il

rangeait, à la suite des papistes. » certains qui regrettaient les marmites d’Egypte »..Mais Zwingli allait bientôt disparaître, sur le champ de bataille de Cappel, le 11 octobre 1531. Son successeur, Bullinger, serait de tempérament beaucoup moins agressif. Œcolampade allait mourir, de son côté, à Bâle, le 24 novembre 1531. Les théologiens de Strasbourg axaient toujours été très enclins aux transactions. Ils trouvaient Luther trop peu souple. Mais ils soupiraient après l’union. L’idée d’un accord —-ou comme l’on disait alors d’une « concorde » — demeura ainsi à l’ordre du jour.

Œcolampade avait publié, en 1530, un court dialogue intitulé : Quid de eucharistia veteres lum Grseci, tmn Latini senserint, que Mélanchthon avait trouvé plus posé que de coutume. De son côté, Bucer, après avoir lu ce livre, éprouvait le besoin d’écrire à Luther, le 25 août 1530, une longue lettre où il affirmait ne pas bien voir ce qui le séparait de la doctrine wittenbergeoise sur la cène. Il concluait en apportant à Luther neuf propositions, qui résumaient son point de vue. On y remarquait surtout les deux proclamations suivantes :

1. « Nous nions la transsubstantiation ». 2. « Nous nions de même que le corps du Christ soit localement dans le pain…, comme du vin serait dans un vase ou la flamme dans un fer rouge. »

Mais Bucer ajoutait : 3. « Toutefois, nous affirmons que le corps du Christ est vraiment présent dans la cène et que le Christ, réellement présent, nous y nourrit de son vrai corps et de son vrai sang, au moyen de ses paroles récitées par les ministres et quiconque use des symboles sacrés du pain et du vin. »

Il voulait à tout prix, comme on le voit, joindre le dogme de la présence réelle, mais toute spirituelle, du Christ, à celui de la présence toute symbolique. A partir de ce moment, il ne cessa plus de poursuivre une formule transactionnelle, que les deux partis rejetaient également. Mais Luther lui opposait amicalement cette question : « Le Christ, selon toi, est-il donné aussi bien à celui qui communie indignement qu’à celui qui communie avec la vraie foi ? »

Et dès lors, toute la querelle sacramentaire se réduisit à ceci : le Christ présent dans la cène, même pour les indignes.

Ainsi, Bucer ayant mis sur pied une nouvelle formule de concorde », Luther lui écrivait, le 22 janvier 1531 : « Nous avons lu, cher Bucer, le libelle de confession que tu as envoyé, et nous l’approuvons, et nous rendons grâces à Dieu de ce que nous sommes au moins d’accord en ceci, comme tu l’écris, que nous confessons les uns et les autres, que le corps et le sang du Christ sont vraiment présents dans la cène et qu’ils sont donnés, avec les paroles, pour la nourriture de l’âme. Mais je m’étonne que lu fasses et Zwingli et Œcolampade participants de cette opinion. Entre nous : si nous confessons que le corps du Christ est vraiment présenté en nourriture pour l’âme, il n’y a aucune raison que nous ne le disions pas aussi présenté à l’âme impie, tout comme le soleil brille aussi bien pour celui qui voil clair et pour l’aveugle… » Enders, t. iivi [). 3 19-350. Et il ajoutait : « Tant que vous n’admettrez pas cela, il sera inutile de nous vanter d’avoir abouti à une concorde, car elle ne serait qu’une illusion. » Mais Bucer ne cessait d’épiloguer et de chercher un fauxfuyant. Voir lettre de février 1531, Enders, ibid., p. 355 sq.

Quelques années se passèrent. Après la mort de Zwingli et d’Œcolampade, une lente évolution détacha les Églises réformées de haute Allemagne de Zurich, pour les orienter de plus en plus vers Wittenberg. Le landgrave Philippe de liesse, qui poursuivait toujours ses objectifs politiques, poussait constamment à la concorde ». Ce fut encore à son instigation qu’une