ROUMANIE. ORTHODOXIE ET UNION
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et le Kalholikus Kcpszouetség [La fédération populaire catholique], de Cluj.
A. G. R. U. : Bulletin de l’Association générale des Roumains unis (1930-1936).
VI. Ofthofoxie et union.
Dans la présente étude, nous nous garderons d’émettre une opinion personnelle : les faits seuls parleront. Au leeteur de tirer les conclusions qu’il jugera bonnes. Nous éviterons ainsi toute accusation de parti pris.
Parfois des incidents iedonnent de l’actualité à des problèmes anciens et font que le public s’intéresse un moment à cette question dis rapports entre les deux pari ies de l’Église gréco-roumaine, celle qui se rattache à Rome, celle qui est unie à l’Église orthodoxe. Cela ne si^ni lie pas cependant que, durant les longues périodes de trêve, les problèmes aient perdu de leur importance. Loin de là, le calme, le recueillement favorisent l’objectivité de la discussion : grâce au recul dans le temps et aussi dans l’espace, la vision est plus nette et les jugements sont mieux établis, In premier fait est à retenir : chaque fois que les Roumains ont voulu s’unir au Siège apostolique de Rome, les Grecs les en ont détournés. Quant aux Slaves, en particulier les Serbes et les Russes, c’est toujours d’un mauvais œil qu’ils ont vu cette union.
1’Grecs. — Mélèce Pigas, locumtenens du patriarche de Constantinople, apprenant que !e métropolite de Moldavie et Suceava. Georges Movila, frère du prince Jérémie, voulait, sous Finiluence de certains Polonais, s’unir à Rome, lui envoya le mandijas ((jtavSûav) aux quatre fleuves (ot TîOTajjiot) ainsi que la crosse de patriarche. L’envoi était accompagné d’une lettre (7 septembre 1507), dans laquelle il était recommandé au chef de l’Église roumaine de Moldavie de conserver « intact le trésor de la foi orthodoxe » et d’éviter « les innovations surtout celles de l’ancienne Rome…, car elles troublent les eaux de la foi orthodoxe ».
Si le seul bruit d’une éventuelle union avec Rome provoque une semblable démarche de la part des Grecs auprès des Roumains, que sera-ce quand ceux-ci s’uniront effectivement au pape ! F.n 1700, après l’union des Roumains de Transylvanie au siège de Rome, l’évêque Athanase Anghel, véritable fondateur de cette nouvelle confession roumaine, est excommunié non seulement par Théodose Vestémeanul, métro polite d’Ungro-Valachie, mais encore par tous les autres évêques orthodoxes, tel le patriarche de Constantinople, Callinique, qui l’appelle » loup ravisseur »,
« hypocrite, plein de malice », « fourbe », et jouant sur
son nom ne le nomme pas Athanase, mais Satanase. Quant à Dosithée, patriarche de Jérusalem, il vient lui-même en Transylvanie soulever les fidèles roumains contre leur pasteur. Durant son séjour prolongé à la cour hospitalière du voévode de Munténie, Constantin Rrancoveanu, il trouve les moyens de faire une intense propagande anticatholique.
Voici quelques-uns des principaux ouvrages composés ou inspirés par ce patriarche en vue de ruiner l’union religieuse des Roumains avec Rome. Dès 1690, à Bucarest, paraît pour être distribué gratuitement aux orthodoxes un Manuel contre le schisme des papistes (’Eyx£’.pî8(, ov xaxà toù v/ia[j.<xioç, t « v Tramatwv). La dédicace exprime la nécessité de détruire le papisme. En 1694, ce même patriarche transcrit, corrige, divise en chapitres et fait paraître à l’imprimerie de la Sainte Montagne de l’Athos, à Iassy (Moldavie), le discours de Jean Eugénicos contre le concile de Florence : Toù ttj ©£où yâptxi eÙctsSoùç vou.oç’jXaxoç’Iodwvoo Sioexôvoo toû Eùysvixoù Xôyoç
<XVTtppY)T !.XO< ; TO’J fiAOLdCfï^OU Y.7.1 tJjEl)80)JÇ OpOU TOÛ êv
OXopev-rî a ctuvt£0évtoç xarà t » ]v rrpôç AaTivouç aôvoSov…
Un autre ouvrage parut à la même époque, toujours à Iassy : Tome de conciliation (Tôjjioç xaTaXXayrjç). Six auteurs divers y réunissent leurs etïorts pour détruire
« en son fondement, le dogme papiste exécré de Dieu »
(éx pàCpcov a’ipE’. Gsopuaèç 86yu.a TcaTriaxcôv). Le même patriarche publia encore à Iassy en 1698 le Tomede charité au sujet des Latins (Tôjxoç àya7TY)ç xoexà Aa-Lvcov). Ce qui précède laisse deviner ce que peut être cette < charité ». Sébastos de Trébizonde le Chimnite, dans son Enseignement dogmatique (Aoyp.a-Tixr, SiSaoxaXta), imprimé à Bucarest en 1703, insiste sur les points qui séparent et non sur ceux qui rapprochent Orientaux et Occidentaux au sujet de la sainte eucharistie. Sous le titre de Tome de joie (T6(i.oç Xoepâç). le patriarche Dosithée édite à Ràmnicul-Vâlcei une série de brochures anticatholiques. A propos de la papauté, le patriarche de Jérusalem dit, entre autres, qu’elle est une rupture avec le Dieu véritable et que dès lors l’union avec les papistes n’est évidemment qu’une union avec le démon : ô yàp TzemiG^bç… o"èv eîvai àXXo ii, rcxpà &ko toû àX7)61voù Hso’j ycûç’.erjj.oç. Kal q Oùvîoc [jiSTà tcôv roxmaTcov Sèv sîvat, àXXo ti 7TOTS, Trapà TCpocpâvï) (is-rà toù SiaoôXou CR>pi.<pcovta.
lui 1710, à Tàrgoviste paraît la Panoplie dogmatique (IlavoTrXîa 80yy.y-iy : r t). arsenal complet d’armes contre les Occidentaux. A propos de ces écrits, un historien roumain fait observer que jamais n’est sortie de Roumanie une théologie aussi pesante pour anéantir les défenses des chrétiens d’autres confessions.
Cependant de semblables armes continuent à être forgées même après la mort du patriarche Dosithée. Son élève et successeur sur le trône patriarcal, Chrysanthe, livre à l’impression à Bucarest, en 1715, L711’sloire des patriarches de Jérusalem (’laTopîa nspl twv èv’IspoaoXup.o(.ç 7raTpt, apyeijaâvTcov). Il mentionne, lui aussi, le schisme des papes de Rome » et la condamnation de leur pouvoir absolu et de leur infaillibilité. 11 espère ainsi, grâce à Etienne Iavorski, métropolite de Kazan et Mourom, obtenir l’appui du « puissant et immense empire russe ».
A ces attaques, les Roumains unis de Transylvanie attendirent longtemps avant de pouvoir répondre. De fait, pendant plus d’un demi-siècle ; ces Roumains n’eurent aucune imprimerie à leur disposition. Enfin, un moine réussit a apporter dans une serviette les caractères essentiels. Aussitôt l’évêque roumain uni, Pierre-Paul Aron, fondateur des écoles roumaines de Blaj, put imprimer en 1760 dans cette petite ville une Lettre pastorale ou enseignement dogmatique. L’auteur, mort en odeur de sainteté, y démontre que, là où n’existe pas d’union avec Rome, il n’y a ni Église, ni foi véritable. A l’appui de cette affirmation il cite un certain nombre « le textes extraits des livres liturgiques de l’Église orientale. Puis il fait à sa thèse une curieuse application des paroles de saint Méthode au sujet des icônes. < Il y a 7’2."> ans, avait dit le patriarche, que l’Église vénère les images saintes. Les saints Pères des six conciles œcuméniques ne les ont jamais réprouvées, mais bien au contraire leur ont rendu l’honneur qui leur est dû. Or, nous lisons dans le Triodion, le Synaxaire, Y Horologion, etc., que, depuis plus de dix-sept siècles, le patriarche de Rome a toujours été le juge suprême et le premier docteur dans l’Église du Christ et que, lorsque les Pères se sont réunis en concile, ils ne l’ont jamais condamné, mais bien plutôt honoré. Seuls Photius et Michel Cérulaire ont osé supprimer son nom dans les diptyques et l’outrager sans raison. » L’évêque Aron ne manque pas d’ailleurs de rappeler que ces deux auteurs du schisme oriental, selon la décision conservée dans la Pravila, ont été condamnés comme hérétiques. Mais, redisons-le, les Roumains unis à Rome étaient peu nombreux et