deuxième catégorie sont particulièrement rangées : a) sous le n.2, les vérités qui sont déduites du contenu scripturaire, continentia necessaria et formait, car elles ont la même certitude et elles sont aussi nécessaires à croire que les vérités dans lesquelles elles sont ainsi nécessairement contenues ; b) sous le n. 4, les vérités qui ont été définies par l'Église universelle en concile plénier comme appartenant à la foi de la religion chrétienne, bien qu’elles ne se rencontrent pas expressément dans les livres inspirés ; c) sous le n. 6, les vérités qui ont été positivement enseignées par les docteurs approuvés de l’Eglise universelle comme devant être obligatoirement crues, bien qu’elles ne se rencontrent point expressément dans le texte sacré ; il) les vérités qui découlent continentia necessaria et formali des vérités exprimées sous les n. 4 et 6, pour la raison précédemment indiquée. Summa de Ecclesia, l. IV, part. II, c. viii, Rome, 1589, sans pagination. Toute cette doctrine montre, ce nous semble, Turrecremata comme le premier théologien qui ait formulé, bien qu’un peu vaguement, l’idée d’un développement dogmatique, précédemment contenu d’une manière implicite dans une vérité déjà manifestée comme révélée.
.', ' période, tir/mis le XVIe jusqu’au XIXe siècle, caractérisée du moins chez un certain nombre de théologiens, surtout depuis le XVIIe siècle, par un concept plus marqué des développements dogmatiques antérieurement contenus dans les vérités déjà connues comme révélées.
Au xvie siècle, où l’attention est principalement dirigée vers les erreurs protestantes, où la souveraine préoccupation est de défendre contre elles l’immuable continuité des dogmes chrétiens à travers les siècles, la question du progrès dogmatique ne paraît pas avoir été l’objet d’un enseignement explicite. Cajetan († 1 53 i j le suppose comme fait historique constaté dans les définitions successives des conciles, In II a ™ II", q. I, a. 7, mais il n’en analyse point la nature. Il en est de même de Melchior Cano, De locis theologicis, l. II, c. vu ; l. IV, c. m.
A la fin du XVIe et au commencement du XVIIe siècle, pour expliquer les définitions nouvelles parfois portées par l'Église, on commence à esquisser un enseignement plus explicite sur les développements dogmatiques.
Grégoire de Valence († 1603), répondant à cette objection que l’infaillible magistère du pape impliquerail des définitions entièrement nouvelles, inconciliables avec l’immutabilité des dogmes chrétiens, se borne à répondre que, si aucune nouvelle vérité ne peut être définie circa noslrse religionis capila ut circa Deum, circa sacramenta, circa similia, rien n’empêche qu’en matière particulière et contingente comme la canonisation des saints, l’approbation des ordres religieux ou les faits dogmatiques, des propositions nouvelles soient définies : nihil autem obslat quominus de particularibus et contingentibus maleriis quales saut illsein nostro proposito, aliquid pérdefinitionem pontificis innotescere nobis de novo possil. Analusis fidei catholicse, part. VIII, Ingolstadt, 1585, p. 318. Ilannez (f IGOi) va plus loin. Il pose ce principe général que L'Église jusqu’alors n’a rien proposé à croire ou n’a rien défini qui ne fût contenu dans les saintes Écritures, ou exprimé dans les traditions apostoliques, ou irtuellement contenu dans l’une ou l’autre, ita ut mile per evidenlem consequentiam
educeretur. lu II /2 «, q. i, a. 7, Venise, 1002, t. iii,
col. 75. Mais il se contente d’affirmer ce principe, sans essayer de déduire les nombreuses et importantes conclusions dogmatiques auxquelles il pouvait conduire.
Suarez | 1017) réunit et complète les deux explications de Grégoire de Valence et de lîannez. Avec Gré goire de Valence, il admet que la foi explicite des apôtres a été imparfaite seulement en des matières particulières et contingentes qui ont été manifestées postérieurement. De /ide théologien, disp. II, sect. VI, n. 18. Comme Ilannez, il affirme que les propositions explicitement enseignées à une époque postérieure étaient contenues d’une manière implicite dans la doctrine crue antécédemment ; ce qu’il montre particulièrement par l’exemple de la validité du baptême conféré par les hérétiques, validité' non définie explicitement par le pape saint Etienne dans la controverse avec saint Cyprien, et cependant enseignée postérieurement comme vérité de foi, n. 16. Toutefois, nous devons rappeler ici que Suarez ne reste point dans la vérité quand il admet que toute conclusion théologique, quelle qu’elle soit, par le fait qu’elle est explicitement approuvée par l’Eglise, est conséquemment une vérité de foi.
Sylvius (-[- 1619), tout en s’exprimant comme lîannez, marque plus nettement que lui la cause du caractère non explicite de tel dogme à une époque antécédente. Cette cause réside en ce que la connexion de ce dogme avec les vérités déjà connues comme révélées n'était pas suffisamment manifeste ou parce que sa provenance de l’Ecriture ou de la tradition n'était point clairement prouvée. In II"" ll> q. i, a. 7, Opéra, Anvers, 1697, t. iii, p. 16.
Le cardinal de Lugo (-[- 1660) s’attache à mieux concilier un certain progrès dogmatiqne dans les siècles chrétiens avec la foi entièrement explicite des apôtres. Admettant le fait indiscutable de la définition explicite de beaucoup de vérités antérieurement proposées d’une manière implicite, comme l’infusion des vertus surnaturelles dans l'âme du baptisé, la valeur du baptême convenablement administré parles hérétiques, la justification par une grâce résidante dans l'âme et beaucoup d’autres semblables assertions, il explique que toutes ces vérités, primitivement révélées et crues d’une manière explicite par les apôtres, avaient ensuite subi un tel obscurcissement que leur obligation au moins commune avait cessé, jusqu'à ce que, avec le secours de la définition de l’Eglise, l’obligation de croire explicitement fût de nouveau manifeste. De virtute fidei divinæ, disp. III, n. 69. Observons toutefois que Lugo. comme Suarez, s'écarte de la vérité quand il soutient que toutes les conclusions théologiques, même déduites d’une seule prémisse révélée, deviennent vérités de foi, dès lors qu’elles sont définies par l'Église. Disp. I, n. 273 sq.
Oossuet (f I701), dans son Histoire des variations, publiée en 1688, avait fortement insisté sur la persistante immutabilité de la doctrine catholique, si opposée aux incessantes variations des Eglises protestantes, Histoire des variations, Préface, n. 5, et I. XV, c. i sq. et ci. xxvi, Œuvres, Paris, 1836, t. vii, p. 273, 516, 669 ; et il en avait déduit la fausseté des doctrines protestantes, parce que les variations dans l’exposition de la foi ont toujours été regardées comme une marque de fausseté et d’inconséquence. Préface, n. 2, p. 272. A cette thèse le ministre protestant Jurieu opposa l’enseignement souvent défectueux ou imparfait desPèresdes premiers siècles, particulièrement sur la génération du Fils de Dieu et son inégalité avec le Père ; assertions qu’il essaya d’appuyer sur les remarques critiques du jésuite Denis Pétau dans sa préface à l'étude du dogme de la Trinité. De theologicis dogmatibus, Venise, 1757, t. il, p. 10. Dossuet, s’appuyant sur l’enseignement de saint Vincent de Lérins, maintint, sans concession aucune, la substantielle immutabilité des dogmes catholiques, en affirmant que la différence entre les Pères anli iiicéens et les théologiens du XVIIe siècle n’est que dans les expressions. Premier avertissement sur les lettres de M. Jurieu, c. îvsq., Œuvres, t. viii, p. 217 sq.