Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/108

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villageois à enrôler contre des chartes et des diplômes.

Ces campagnards, bonnes gens au fond, qu’on allait voir passer comme une mascarade réjouissante, qui n’effrayaient personne dans les villes et dans les villages, furent appelés en patois et plaisamment Bourla-papeis, — brûle-papiers, — ou Gamaches, — nom d’une chaussure rustique.

Dans leurs courses ils riaient, buvaient, chantaient, et des habitants de communes exemptes de redevances féodales se joignaient à eux uniquement pour faire des farandoles, se divertir et se délasser ainsi de leurs rudes travaux.

La sédition tourna donc à la farce burlesque et s’éteignit peu à peu ; la féodalité expira avec elle ; par malheur, bien des papiers précieux pour l’historien et le chroniqueur ont être réduits en cendres.

Il est à remarquer que les brûle-papiers témoignaient beaucoup d’attachement aux soldats français ; ils déclaraient qu’ils ne leur opposeraient aucune résistance s’ils étaient attaqués par eux, qu’ils éviteraient avec soin toute collision sanglante.

Je me représente les scènes pittoresques qui durent se passer dans les campements et les expéditions des bourla-papeis, je crois voir ces villageois se chauffant avec de vieux registres, — car on était en hiver, — promenant leurs torches du pied du Jura au Lac, prenant