Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mena au logis d’où je t’écris après souper, — le cabaret de L’Orange, situé dans une rue grimpante et pavée de cailloux très pointus. — Marie Rochat est certainement intéressante, mais surtout intéressée : sa précaution quelque peu méfiante a mis un frein à ma libéralité qui s’efforce toujours de procéder avec justice et discernement.

J’ai fait cinq lieues aujourd’hui : il pleut, il tonne, il vente, il grêle, je trace cette relation à la lueur des éclairs, l’échine endolorie du frottement de mon sac. Mon repas du soir n’a rien eu d’épiscopal, il se composait d’un potage aux herbes, au pain et aux pommes de terre en purée, — le seul que l’on trouve dans les auberges rustiques de cette province, — d’un morceau de mouton rôti et d’un petit fromage sec fait de lait de chèvre. Mon hôte a la mine d’un brave homme, ce qui ne prouve pas qu’il le soit.

Je vais me coucher, à demain !