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XI

Lavigny.




Lavigny, 5 septembre.

J’ai été sur pied de bonne heure, malgré la fatigue de la veille. Pas de traces de l’orage d’hier au soir, un radieux soleil, un ciel limpide sourient à la terre émue. La campagne est calme, reposée, rafraîchie, j’aspire un air plein d’arômes, j’ai le cœur dilaté de bien-être, épanoui d’un bonheur inénarrable, trop senti pour pouvoir être rendu, Je suis prédisposé à tous les mouvements louables, généreux, bienveillants, nobles ; l’idée de Dieu me remplit ; les hommes me paraissent généralement bons, honnêtes, portés au bien ; le mal, le vice, le crime me semblent de très rares exceptions. Je voudrais épancher la sensibilité, l’exaltation, le ravissement que cette incomparable nature de la vallée du Léman fait naître