Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/165

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çante cité au joug de l’antechrist, — c’est l’expression favorite de cet apôtre virulent et de ses compagnons ; — là il eut bien des combats à livrer et à soutenir, mais aucun obstacle ne put ralentir son zèle fougueux, refroidir son enthousiasme et son dévouement. Il trouva dans l’ancienne ville impériale, qui de tout temps a été jalouse de ses priviléges et les a défendus avec un courage digne d’admiration, quelques hommes disposés à embrasser la réformation luthérienne ; c’étaient ceux qui faisaient de l’opposition à l’évêque, prince de Genève, et aux entreprises du duc de Savoie ayant quelques droits féodaux dans la cité. Les souverains de cette maison se sont toujours efforcés depuis lors, soit par la ruse, l’adresse ou la violence, — mais en vain, — de la soumettre à leur pouvoir et de confisquer ses franchises.

D’un côté, le duc, l’évêque, la noblesse et les catholiques ou Mammelus[1] ; de l’autre, les bourgeois, les partisans de la Réformation et de l’alliance avec les Suisses, les patriotes, les enfants de Genève ou Eidgnoss[2].

Le duc possédait la baronnie formée par le Pays-de-Vaud, celle du Pays-de-Gex, le Genevois, — contrées couvertes de chatellenies, de fiefs, si bien qu’il cernait de tous côtés Genève, qui se trouvait sans territoire.

Les gentilshommes, ennemis jurés de l’esprit des

  1. Pour Mameluks (esclaves).
  2. Alliés ou confédérés (on les nomma plus tard, par corruption, huguenots).