Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/199

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Divonne un des lieux que les Genevois hantent pendant la belle saison.

Cet endroit m’a rappelé par la magnificence de ses eaux et la vigueur de sa végétation Sassenage, Pont-en-Royans, Rives et Allevard, en Dauphiné, sites depuis longtemps célèbres et reproduits par tous les paysagistes.

Une dame de Paris, qui parcourait pour la première fois les contrées alpestres, et que j’eus l’occasion de rencontrer, s’écriait dans son ravissement :

— Dieu ! que c’est admirable, cela ressemble aux décors de l’Opéra.

— Vous faites bien de l’honneur à ces campagnes, madame, dis-je ironiquement.

— Sans doute, reprit-elle... rappelez-vous le lever du jour au milieu des montagnes dans Guillaume Tell ; je ne pouvais croire que la nature fût en certains pays comme on nous la représente, chaque année, au salon, au théâtre, et je regardais comme créations à peu près fantastiques ces torrents floconneux et verts, ces sapins effarés et noirs, ces vapeurs bleuâtres, ces horizons violets, ces chauds couchers de soleil sur les neiges, ce contraste de l’été et de l’hiver que l’on ne voit point dans nos provinces du nord, dont les accidents les plus remarquables sont des moulins à vent sur des buttes arides, perdues en l’immensité morne des plaines qui n’offrent au peintre voyageur que des sillons et des guérets à perte de vue.