Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/202

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consentie par un duc de Savoie. Les protocoles de 1814, qui avaient la prétention de remanier l’Europe conformément à la justice, de rendre son bien à chacun, ont donc commis des spoliations auxquelles les circonstances nous forcèrent de souscrire. Tu pourrais me répliquer que l’on nous a enlevé peu de communes, une étroite zône au bord du lac, pour établir une communication par terre entre Genève et les autres États de la Confédération ; que ce n’est pas la peine de crier au vol, au pillage ; que la France, riche et étendue, peut bien se passer de deux ou trois villages... C’est absolument comme si l’on disait à un grand propriétaire qu’on lui prend quelques mètres de terrain pour détruire une servitude, faire une avenue à un petit cultivateur son voisin.

Le grand propriétaire trouverait certainement le procédé peu de son goût, peu équitable, bien qu’il pût se passer à la rigueur du terrain qu’on lui prendrait.

Cependant, à envisager la question sous un autre point de vue, le Pays-de-Gex, banlieue de Genève, ne devrait pas en être séparé politiquement : il eût été logique de garder la ville, puisque l’on gardait la campagne, ou bien d’abandonner la campagne, puisque l’on abandonnait la ville.

Si l’on regarde le Jura comme la limite naturelle ou conventionnelle de la France, le Pays-de-Gex, à cause de