Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/251

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La grande difficulté pour la réalisation d’une pareille refonte des États serait de donner quelque chose en Europe à la Russie et à l’Angleterre, car il faudrait nécessairement les indemniser de leurs pertes. — On y songerait !

N’ai-je pas découvert le secret du véritable équilibre européen ?


Il est impossible de voir Ferney sans se rappeler les deux pièces de vers dans lesquelles Voltaire a célébré cet endroit, savoir : l’Épître au Lac de Genève (1755) et celle à Horace ( 1771).

Dans la première, il s’occupe fort peu du lac mais beaucoup de Marathon, de la Grèce, de Rome, de Brutus, du Sarmate, de l’Anglais, du Batave, etc... Dans la seconde, il commence par se plaindre de Boileau, puis il reproche à Virgile et à Horace leurs flatteries à l’endroit d’Auguste, ensuite il déclare net à I’auteur de l’art poétique latin qu’il croit Ferney plus beau que Tibur, il s’étend avec complaisance sur le bien qu’il a fait au Pays-de-Gex dépeuplé par l’Édit de Nantes, en poursuivant il attaque, selon son habitude, le tiers et le quart, Ignace de Loyola, Calvin et le pape qu’il appelle plaisamment Vice-Dieu. Voilà à mon sens ce qu’il y a de meilleur dans ce morceau :

J’ai vécu plus que toi ; mes vers dureront moins ;
Mais au bord du tombeau je mettrai tous mes soins