Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/252

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À suivre les leçons de ta philosophie,
À mépriser la mort en savourant la vie,
À lire tes écrits pleins de grâce et de sens
Comme on boit d’un vin vieux qui rajeunit les sens.
Avec toi l’on apprend à souffrir l’indigence,
À jouir sagement d’une honnête opulence.
À vivre avec soi-même, à servir ses amis,
À se moquer un peu de ses sots ennemis,
À sortir d’une vie ou triste ou fortunée,
En rendant grâce aux dieux de nous l’avoir donnée...

Ce qui honore le plus la vie du grand homme de Ferney, c’est d’avoir rappelé l’industrie dans le bailliage de Gex, d’avoir remis I’agriculture en honneur, d’avoir fait d’un pauvre hameau un bourg populeux, bien bâti, et d’avoir créé des voies de communication.

On pourrait répliquer que Voltaire, seigneur du sol, agissait un peu dans son propre intérêt, j’en conviens, mais il n’en a pas moins accompli une œuvre éminemment philanthropique.

Cet arrondissement se ressent encore de ses malheurs passés, les villages sont clairsemés, rares, chétifs, de grands marécages et des terrains pierreux, incultes, s’étendent entre Gex et Saint-Genis, au pied de notre Jura, généralement aride, nu, déboisé.

Pourtant ce pays touche aux riches campagnes de Genève et de Vaud ; comment ses habitants ne se piquent-ils point d’émulation !