Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/258

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les grands hôtels hantés par les voyageurs à berlines.

Il y a ici un cuisinier italien à qui il ne manque que de la réputation ; j’apprécie d’autant mieux ses talents distingués que je viens de faire une assez longue abstinence forcée dans l’intérieur du canton de Vaud.




C’est un grandiose et noble édifice que la cathédrale de Saint-Pierre, au point culminant de la ville ; on y trouve le style architectural de la transition mêlé à celui des treizième et quatorzième siècles ; par malheur, le comte Alfieri, oncle du célèbre auteur tragique, a plaqué sur la façade principale, à la place d’un vieux pignon à clocher, un péristyle imitant celui du Panthéon de Rome. Ce travail n’est pas sans mérite par lui-même, mais il forme ici, avec la vieille église, une discordance atroce, un disparate des plus pénibles, des plus choquants.

Cette malencontreuse colonnade m’a rappelé la façade par laquelle on a bêtement défiguré Saint-Eustache. L’intérieur de la nef a un caractère solennel, grave, religieux, poétique, mais les bancs des calvinistes étagés dans l’abside, éclairée mystérieusement par des verrières qui m’ont paru belles, l’encombrent et en gâtent l’effet.