Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/288

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gouvernement théocratique, une véritable inquisition protestante, rédigea un code draconien plus dur que les lois de Lacédémone, usa de sévérité inflexible envers les délinquants et plaça l’autorité du Consistoire au-dessus presque de celle des Syndics.

À vrai dire, les mœurs des Genevois étaient fort relâchées, pour ne pas dire dissolues, et tous ceux qui avaient censuré les débauches des évêques, des chanoines et des religieux avaient oublié, — ce qui arrive toujours, — de censurer leurs propres déréglements et d’y porter remède.

Calvin procéda violemment afin de régénérer ses concitoyens de fraîche date, et la pénalité puritaine qu’il établit pour mettre un frein au luxe, à la gourmandise, à l’impudicité, paraît encore plus ridicule qu’odieuse.

Les jeux, les divertissements, les spectacles furent rigoureusement prohibés, la peine de mort fut décrétée contre les adultères.

Défense est faite aux hommes, en 1552, de danser avec des femmes et de porter des chausses chapelées ou culottes découpées.

Trois tanneurs sont emprisonnés pendant trois jours et mis au pain et à l’eau, en 1558, pour avoir mangé à leur déjeûner trois douzaines de pâtés, ce qui est une grande dissolution, ajoutent les registres publics. — Je suppose qu’il s’agit de trois douzaines de petits pâtés.