Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crure de son faîte, laquelle sépare le petit Salève du grand.

Le paysage de la plaine s’élargissait à mesure que je m’élevais ; je voyais le lac et les Alpes de profil ; et la cathédrale de Saint-Pierre, qui semble supportée par les maisons étagées de la haute ville, me tournait malhonnêtement le dos.

Aucun bruit sur cette pente rapide, si ce n’est le cri glapissant des corneilles au milieu des bois escarpés et des grands rochers à pics jaunâtres, anfractueux et surplombants.

À une certaine hauteur j’ai trouvé un escalier taillé dans la roche vive et une rampe de fer solidement scellée du côté des précipices. Sans ce garde-fou, qui témoigne d’une sollicitude louable pour les voyageurs, il serait difficile de se garantir du vertige, et un faux-pas pourrait avoir de terribles conséquences.

Je ne connais rien de plus merveilleux, de plus hardi, de plus sauvage que ce sentier de Salève, nommé le Passage ou Pas-de-l’Échelle.

Au bout d’une heure, je suis arrivé à l’échancrure dont je t’ai parlé ; vue d’en bas, elle paraît peu profonde, mais c’est en réalité une assez grande vallée de montagnes, la vallée de Monety ou Monetié qui renferme un fort pauvre hameau savoyard. Avant de m’y engager, j’ai grimpé à un ermitage en ruines, très visible des