Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/380

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bat à coups redoublés les sables et les roches anfractueuses de ce bord. Le vent d’ouest m’apporte le son de la cloche d’un paquebot genevois qui est dans les eaux vaudoises et vomit des bouffées de fumée noire.

Le hasard m’a amené à Nerny, petit port de pêcheurs, village un peu moins repoussant qu’Yvoire et qui renferme deux auberges pourvues de lit, — s’il faut en croire mon hôtesse de Nyon ; — c’est, j’imagine, par jalousie de métier, par rivalité de profession, que la cabaretière d’Yvoire ne m’a pas dit que l’on pourrait m’héberger dans cet endroit, qui, d’après Grillet, je crois, doit son nom à Néron.

En vérité l’espèce humaine a de bien vilains côtés !

Voilà une bonne femme qui aime mieux laisser un voyageur courir le risque de se noyer que de lui apprendre qu’il trouvera un lit dans l’auberge d’un village voisin.

J’aime mieux croire que c’est par stupidité qu’elle ne m’a pas parlé des auberges de Nerny.

Ce qu’on appelle le château ici n’est autre chose qu’une très laide maison blanchâtre, à contrevents verts, dont la situation n’a rien absolument de seigneurial ; elle appartient au comte d’Antioche, — d’une ancienne famille savoisienne qui alla chercher un nom et un titre dans la Terre-Sainte.

En revenant à Yvoire j’ai fait cette réflexion :