Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/381

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Il y a lieu de s’étonner que les Savoyards du Chablais soient si sales quand on jette les yeux sur cette vaste et belle nappe d’eau qui baigne leur côte.

Pourquoi ne font-ils pas usage du Léman ? Où trouver un plus pur, un plus délicieux lavoir ?


Quand le vent d’est souffle, on entend parfois de Nyon, à l’aube, les coqs de Nerny et d’Yvoire chanter, bien que le lac ait dans cet endroit une lieue de largeur au moins.

Je me suis dirigé vers Thonon, en passant par la Coudre ou Coudré, immense et délabré château d’où dépend un domaine important, mais fort négligé, au fond d’une grande échancrure faite dans les sables par le lac.

Il y a là une forêt de haute futaie, la plus belle que l’on puisse imaginer ; elle se compose d’arbres d’essences variées et d’une venue admirable : ormes, frênes, ifs, chênes, trembles, cerisiers, aulnes, sycomores, pins, bouleaux à travers lesquels suinte un jour douteux ; la vigne vierge mêlée au lierre enlace des troncs d’une stature gigantesque ; des buis et des houx d’une croissance rare, d’une senteur vive, forment comme un bois dans cette forêt, et garnissent entièrement les intervalles des arbres supérieurs ; les allées, semblables à des corridors spacieux de verdure, sont pleines de mousses