Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/388

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Décidément la rive savoyarde est beaucoup plus charmante, plus grandiose, plus poétique que la rive opposée, mais celle-ci, en revanche, témoigne d’une civilisation beaucoup plus avancée.

Les étrangers prosaïques dédaignent la première qui reste pauvre, et affluent sur la seconde qui leur doit son bien-être constant.

Les deux sommets de ce mont exposés à tous les vents portent chacun un inextricable fouillis de ruines étagées l’une au-dessus de l’autre, séparées par un petit vallon qu’il est difficile de traverser à cause du taillis épais qui le couvre ; étaient-ce deux châteaux ou les deux parties d’une immense forteresse, place d’armes principale du Chablais ?

Nul ne le sait.

Mais des gens pensent que ces fiefs jumeaux n’appartenaient pas au même maître, se faisaient la guerre ; ils basent cette opinion un peu hasardée sur la tradition du pays, et font remarquer que le château inférieur a des murailles plus épaisses du côté qui est tourné vers le château supérieur.

Il se pourrait que ces citadelles aient eu momentanément des possesseurs ennemis ou rivaux de puissance ; l’histoire de Savoie n’en dit rien, elle parle souvent du château (et non pas des châteaux des Allinges), lequel contenait au besoin une garnison de 1500 hommes, et