Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/395

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d’années ; — n’est-ce pas pis que du despotisme ! n’est-ce pas une atroce intolérance, une exécrable cruauté !

Au moment où je trace ces lignes, il n’est pas permis de prier Dieu avec liberté dans ce royaume, le culte protestant y est interdit. Les Réformés, je l’ai déjà dit, ne peuvent y acquérir des immeubles sans la permission royale. — Leur condition ici peut être comparée à celle des juifs en Europe il y a quelques centaines d’années.

J’appelle cela, moi, du despotisme, car il faut bien appeler les choses par leur nom.


Pendant que François de Sales catéchisait les Chablaisiens, son père lui écrivit pour le dissuader de poursuivre son dessein, et lui dit qu’il fallait, en désespoir de cause, contraindre les peuples à recevoir la foi par la seule bouche du canon.

Mais le jeune homme ne voulut point abandonner sa tâche ; en 1595 il avait presque entièrement rétabli l’ancien culte, et s’occupait à planter des croix au bord de tous les chemins ; il eût mieux valu planter des arbres fruitiers et rendre à l’agriculture un pays ravagé par de longues guerres.

Le 6 septembre de l’année suivante, il conduisit de Thonon à Annemasse une nombreuse procession (la distance entre ces deux localités est d’une dizaine de lieues au moins), et assista aux prières des