Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieux sacrés du repos, je n’en ferais pas tant ;
Et malgré les deux clefs dont la vertu nous frappe,
        Si j’étais ainsi pénitent,
        Je ne voudrais point être pape.

Étudions un peu maintenant la vie et le règne d’Amédée VIII, nous verrons ce qui l’amena à Ripaille, ce qui l’en arracha, et enfin ce qui lui fit reprendre l’habit de Saint-Maurice.

Fils d’Amé ou Amédée VII et de Bonne de Berry, il vint au monde dans le château de Chambéry le 4 septembre 1383, et reçut le baptême de Guillaume de Menthonay, évêque de Lausanne ; la chronique dit que pendant la cérémonie trois abeilles se placèrent, l’une sur le front de l’enfant, les deux autres sur ses mains, et n’en purent être chassées, ce qui fut regardé comme un présage infaillible de la mansuétude de son caractère, de l’extrême bénignité de son humeur.

Ce prince n’avait que huit ans quand son père lui laissa le trône ; la régence, dévolue à sa grand’mère Bonne de Bourbon, finit en 1398. Quelques années après, Amédée acquit le comté de Genevois ou territoire d’Annecy, ce qui rendit la Savoie plus redoutable à Genève, et il prit pour femme Marie de Bourgogne, fille de Philippe le Hardi, mariage qui lui permit de s’immiscer dans les affaires de la monarchie française, et le rendit l’auxiliaire des Bourguignons.

En 1416, la Savoie proprement dite, le Genevois, la