Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/454

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À l’extérieur et à l’intérieur il y a des vestiges de fresques représentant des évêques et des saints.

Cet abandon d’une chapelle est, en Savoie, un fait très rare dont il faut s’étonner.

Les pêcheurs et les bateliers avaient, j’imagine, élevé l’oratoire à Notre-Dame de Bon-Secours.


À Meillerie, plus de ces monticules de châtaigniers qui d’Évian s’élèvent par gradins jusqu’aux cimes supérieures ; de hautes murailles grises et jaunâtres formées par des rochers calcaires que l’on mine sans relâche, que I’on éloigne peu à peu, arrêtent le regard.

Au faîte de ces carrières en grande exploitation, tantôt à pic, tantôt surplombantes, on voit une couche épaisse de terre végétale et des taillis à demi déracinés et comme suspendus au bord de l’abîme qui les menace d’une chute prochaine.

L’activité industrielle a modifié le caractère de ce paysage : les échafaudages, les cordes, le bruit du pic et du marteau, les explosions de la poudre, l’éboulement violent des quartiers de rochers, la fumée des fours où la pierre se calcine et devient chaux, les barques qui lourdement chargées de moellons effleurent la rive et se dirigent vers Genève n’ont rien de la poésie qui parfume quelques pages de la Nouvelle Héloïse.

Tout a bien changé ici depuis Jean-Jacques !